Par Serge Aimé Bikoi
Les médecins sont répartis de Yaoundé hier pour certains et ce vendredi pour d’autres sans savoir qui est le président de leur ordre. Car en effet l’élection du nouveau bureau de l’ordre national des médecins du Cameroun prévue hier n’a pas débouché sur le choix de pairs appelés à conduire pour les 5 prochaines années cette corporation.
Très tard la nuit, l’élection a été reportée en raison de nombreux points de désaccords. Entre autres, les soupçons de fraude dans le processus. “Les listes ont été manipulées, étaient incomplètes. On y retrouve même des gens qui ne sont pas médecins et certains pas à jour de leurs cotisations” révèle un médecin candidat à la présidence de l’ordre national des médecins du Cameroun.
Pour toutes ces raisons, le Doyen d’âge a demandé le report du scrutin contre l’avis du ministère de la santé qui tenait à ce que le vote se déroule tard la nuit.
Entre temps, pas sûr que ces opérations de vote parviennent à ramener la sérénité au sein de la corporation. Car l’un des candidats à d’ores et déjà attaqué la régularité du vote. Le Docteur Theodat Hyacinthe Manga en course pour la Présidence de l’Onmc a, par un huissier de justice, saisit le tribunal de grande instance du Mfoundi contre le ministère de la santé publique, le président de l’Assemblée générale de l’ordre des médecins du Cameroun, l’ordre national du Cameroun.
Contre les accusés, il estime que la liste des électeurs a été envoyée via watsap depuis le 2 décembre dernier à des personnes alors même qu’elle n’était pas publiée ni pour le collège des électeurs, ni diffusée par mail.
Il note par ailleurs que le ministre de la santé publique a convoqué l’assemblée générale élective le 8 décembre 2022 en violation des dispositions des articles 88 et 89 du code déontologie et du règlement intérieur de l’Onmc.
L’article 88 du code en question dispose” les membres désirant participer au vote doivent être à jour de leurs cotisations au moins 15 jours avant la date du scrutin la preuve du paiement faisant foi. Les cotisations couvrent la période allant de l’année d’inscription au tableau de l’ordre au 31 Mars de l’année en cours”. Quand à l’article 89, il énonce : ” la liste des membres autorisés à prendre part aux travaux est arrêtée et consignée par le président de l’Assemblée Générale et la présentation des listes définitive est faite par le collège et diffusée par mail auprès des médecins“.
Or le plaignant constate que le ministre s’est ” immiscé” dans le processus en publiant le 29 novembre une décision portant constatation de la composition et du fonctionnement de la commission ad hoc chargée de l’organisation des opérations électorales” , en publiant un communiqué de presse déclarant ” recevable les candidatures pour le scrutin du 29 décembre”, en informant les membres de l’Onmc des mesures circonstancielles Pour la tenue du scrutin, et en informant l’ensemble du corps médical de la mise à disposition d’un système de pré- enrôlement sur le site du ministère de la santé publique”.
Dans la l’assignation adressée au tribunal, il note que le ministre de la santé publique “n’est pas l’autorité compétente pour poser l’ensemble des actes” plus haut. Pour cela il demande au tribunal d’annuler tous les actes du ministre pris dans le cadre du processus électoral à l’ordre national des médecins du Cameroun. Il demande par ailleurs de condamner le ministre de la santé publique aux dépens, distraits de Me Essimi Zibi George, un avocat d’affaires basé à Yaoundé. Le tribunal de Grande instance du Mfoundi est appelé à se prononcer sur cette assignation le 9 janvier prochain. La prochaine date de tenue de l’assemblée générale élective de l’ordre des médecins du Cameroun quand à elle n’est pas connue.” Tout cela est dommage” commente un médecin en service à l’hôpital général de Douala.