Par Éric Boniface Tchouakeu
L’annonce a été faite le 10 janvier 2024 dans un communiqué signé par le Directeur Général des Elections, d’Elections Cameroon (Elecam), l’institution chargée de la gestion de l’ensemble du processus électoral et référendaire au Cameroun.
Erick Essousse a signé son communiqué au lendemain de la demande sous forme de sommation faite le 02 janvier à son endroit par Addouraman Hamadou Babba qui en tant que simple électeur, lui demande de rendre public telle que l’exige la loi, la liste de tous les électeurs inscrits sur les listes électorales au Cameroun, afin qu’elle puisse être consultable par tous.
Le 11 janvier 2024, la plateforme des partis politiques de l’opposition engagés dans le chantier de la réforme participative et consensuelle du système électoral et le Groupe de travail de la société civile pour la réforme du système électoral camerounais, ont également pendant une rencontre d’échanges avec les responsables d’Elecam, réclamé à l’organe électoral
« la publication de la liste électorale nationale clôturée en 2023, dans laquelle les électeurs sont classés par ordre alphabétique conformément à la loi. »
Ce qui selon les partis politiques de cette plateforme, redynamiserait davantage les inscriptions sur les listes électorales qui ont d’ailleurs repris depuis le début de l’année.
Certains acteurs soutiennent sans preuves irréfutables que les chiffres publiés par Elections Cameroon sont manipulés et ne sont donc pas fiables, en plus de l’impossibilité pour tout le monde de vérifier au niveau nationale tous les noms des inscrits.
Globalement, il convient de relever que le nombre des inscrits sur les listes électorales peine à augmenter considérablement, alors que de l’avis de nombreux observateurs, le pays regorge un potentiel d’environ 15 millions d’électeurs, c’est-à dire ce qui ont déjà atteint la majorité électorale fixée à 20 ans, sur une population totale estimée entre 25 et 30 millions d’habitants.
L’approche des échéances électorales très attendues en 2025, et les multiples appels des partis politiques et des organisations de la société civile demandant de s’inscrire massivement sur les listes électorales, semblent ne pas inverser la tendance, du moins pour l’instant.
Déjà les discours des acteurs politiques de l’opposition selon lesquels l’actuel système électoral est verrouillé et donc les élections non crédibles du fait notamment de la partialité des arbitres du jeu électoral que sont notamment l’organe électoral, Elecam, le Conseil Constitutionnel et la justice administrative, sont de nature à ne pas encourager les potentiels électeurs qui voteraient pour eux à s’inscrire sur les listes électorales.
Du côté des autorités, le choix de laisser l’entière liberté de s’inscrire sur la liste électorale au potentiel électeur, sans la prise en compte d’un certain nombre de mesures incitatives, explique également l’état actuel de la situation.
Il convient en effet de relever qu’il a notamment été proposé aux pouvoirs publics : de procéder à l’inscription automatique et systématique de tous les citoyens en âge de voter sur les listes électorales à partir notamment des fichiers détenus par les communes et la police à travers ses postes d’identification pour la délivrance de la Carte Nationale d’Identité ; ou encore de conditionner l’accès à un certain nombre de services et à la fonction publics par la justification de l’inscription sur une liste électorale par le demandeur.
Cette dernière mesure aura alors pour effet de booster particulièrement les inscriptions des jeunes, nombreux en quête d’emplois publics sur les listes.
En état actuel des choses une bonne partie de la population n’a pas encore intégré la notion de citoyenneté et confond le refus de s’inscrire sur une liste électorale avec l’abstention, qui ne s’évalue qu’à partir du nombre d’électeurs effectivement attendu aux urnes.
Les polémiques entretenues au tour des chiffres des inscrits et plus largement sur la fiabilité du fichier électoral qui sont à la base de toute élection, ne sont pas de nature à changer la donne.