Par Eric Boniface Tchouakeu
Ce sont précisément 27 hauts cadres qui demandent au Chairman du Sdf de rapporter le réaménagement qu’il a effectué le 16 juin 2022 dans le Shadow Cabinet, « le Gouvernement de l’ombre » du parti, dont les membres étaient alors en poste depuis 2012 pour certains, et 2006 pour d’autres.
Ces cadres parmi lesquels, on retrouve les 02èmes et 03èmes Vice-Présidents nationaux, l’ancien Secrétaire Général Jean Tsomelou limogé le 16 juin, le Trésorier national, le député Jean Michel Nitcheu, ou encore Cyrille Ngnang, Maire de la commune de Bafousssam 01er, la plus importante des rares mairies aujourd’hui sous le contrôle du SDF, estiment que les dernières nominations faites à l’intérieur du parti par John Fru Ndi, violent plusieurs dispositions des textes de base du Sdf.
Selon ces derniers, plus de la moitié des personnes récemment nommées dans le Shadow Cabinet ne remplissent pas les conditions requises pour y être par exemple. Par ailleurs, John Fru Ndi n’a convoqué aucune réunion de ce Cabinet depuis une dizaine d’années.
Ils réclament maintenant la convocation d’une réunion du National Executive Comittee (NEC), le Comité Exécutif National, en vue de fixer la date de la tenue d’un Congrès extraordinaire pour définir la politique générale du parti, mais aussi, renouveler les membres de cette haute instance de prise de décisions au sein du SDF après le Congrès.
Ces cadres contestataires déclarent enfin se réserver le droit d’entreprendre d’autres actions pour « sauver» le SDF.
Il convient de noter que c’est quasiment depuis l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 que des fractures profondes sont apparues au sein de cette formation politique entre des cadres favorables à une opposition modérée au pouvoir en place, dont la figure de proue est le 01er Vice-Président national ,le député Joshua Osih et d’autres qui militent pour une opposition radicale vis –à-vis du régime du Président Biya, comme à la naissance du SDF le 26 mai 1990. La tête de file de ce dernier courant est le député Jean Michel Nitcheu.
John Fru Ndi, âgé de 81 ans, avait annoncé le 11 février 2021, chose rare sur la scène politique nationale, qu’il allait volontairement le plus tôt possible, quitter ses fonctions à la tête du SDF du fait du poids de l’âge et pour des raisons de santé.
A huit (08) mois en principe de la tenue d’une convention ordinaire élective pour le remplacer, il semble à travers ses dernières nominations, s’être rapproché de la ligne des militants de son parti ,partisans d’une opposition modérée face au pouvoir.
Certains hauts cadres n’hésitent pas à affirmer sous anonymat qu’il a marqué son accord aux propositions de nominations concoctées par son 01er Vice-Président national, Joshua Osih dans la perspective de son ambition de prendre le contrôle du SDF après Fru Ndi.
Visiblement, il semble que le candidat du parti à la dernière présidentielle soit aujourd’hui impopulaire tout au moins au près des hauts cadres du mouvement, ce qui pourrait compromettre ses chances de diriger le Sdf si jamais les choses se déroulaient à la régulière.
L’actuel Chairman peut encore arbitrer de manière équitable et surtout légale les batailles en vue de sa succession qui ont cours entre ses lieutenants. Cela commence par le respect des textes et la volonté de la base militante de son parti dont les résultats aux élections nationales ne cessent de décroitre.
Il y va de son intérêt personnel, précisément de l’héritage politique qu’il voudrait léguer à la postérité d’une part, et de l’avenir du Sdf d’autre part.
C’est certain, John Fru Ndi et le Sdf font incontestablement partie de l’histoire politique du Cameroun. Mais cette histoire s’écrit encore de nos jours et on peut définitivement y entrer par la petite ou la grande porte.