Par Mon’Esse
Le ministre camerounais en charge des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), Henri Eyebe Ayissi, a abrogé son arrêté du 20 juin 2024 portant exercice du droit de préemption de l’Etat sur un titre foncier sur une superficie totale d’environ 10ha à Bastos, un quartier huppé de la capitale, Yaoundé, appartenant à la British American Tobacco (BAT).
En conséquence, le titre foncier n°175/Mfoundi retrouve sa valeur légale antérieure au 25 avril 2024, lorsque ledit membre du gouvernement a pris un acte libérant 4ha27a56ca du patrimoine de la multinationale, sis dans le quartier huppé de Bastos, pour reverser cette surface dans le patrimoine de l’Etat, sur les 10ha de propriété, et la rétrocéder à certaines familles huppées.
Le recul de M. Eyebe Ayissi, qui date en réalité du 31 juillet, est intervenu après un vif rappel à l’ordre du ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, reflétant des instructions du chef de l’Etat Paul Biya.
La conséquence de cet état de choses est le retour au droit du titre foncier n°175/Mfoundi, établi au profit de la société J. Bastos de l’Afrique centrale sur la parcelle, où elle est établie depuis 1950.
Ainsi que votre site l’a relaté le 1er août, la multinationale BAT, dans une lettre au président de la République, a accusé le Mindcaf de saper l’image et le climat des affaires du pays, nommément cité comme instigateur dans une tentative d’accaparement d’un domaine pour en attribuer des lots à des dignitaires du régime.
Cette entreprise a ainsi, le 24 juillet, adressé un appel urgent de près de 3 pages au président Paul Biya en vue de son intervention, dans ce conflit foncier susceptible d’affecter les opportunités d’investissements directs étrangers en faveur du Cameroun,
Pour la société, l’acte de Henri Eyebe Ayissi violait, clairement, les lois et règlements en vigueur en matière foncière.
Et parmi les familles ayant reçu des titres fonciers sur le site querellé, BAT cite Olivier Chi Nouako, cet avocat d’origine camerounaise, révoqué du barreau québécois, porteur il n’y a pas longtemps d’un projet d’hôtel 5 étoiles à l’origine d’expropriations d’une soixantaine de familles, en mai 2022 au quartier Dikolo, dans la métropole économique, Douala, au mépris de leur statut de propriétaires légaux, pour la plupart.
Le 24 mai 2023, rappelle-t-on, le tribunal administratif avait annulé le décret d’utilité publique, et M. Chi Nouako, qui avait introduit un recours contre cette décision, fut débouté le 15 février suivant par la justice.
En dehors de cet homme controversé, à qui sont attribués 7878ha à Bastos, figure aussi son propre fils, Mathieu Chi Nouako, qui s’en sortait avec un lopin 550m2, mais également l’épouse de l’intendant adjoint de la présidence de la République, Cleopasse Medoulou, la nommée Mezoe Vigouroux (964m2).
Last, but not the least, apparaissait le nom du directeur du cabinet civil (DCC) de la présidence de la République en personne, Samuel Mvondo Ayolo (1000m2), pour un total de 37 personnes ayant, «illégalement», acquis des titres de propriété sur le site querellé.