Par Rostand TCHAMI
Le Cameroun a mal à sa carte sanitaire. A l’occasion de la tenue de la conférence médicale nationale en cours à Yaoundé, le directeur de l’organisation des soins et de la technologie au ministère de la Santé, n’est pas passé par 4 chemins pour exposer les défis majeurs qui attendent le ministère de la Santé publique (Minsanté) en la matière. Dans un entretien avec les journalistes hier, 14 décembre 2022, le Pr Eugène Sobngwi a présenté, les 3 défis majeurs du Minsanté.
” Notre premier pro- blème est celui de la couverture territoriale d’une part et d’accessibilité géographique. A ce niveau, notre premier challenge est de s’assurer que chaque citoyen soit au grand maximum, à 5 Km de sa formation sanitaire de premier recours “
a-t-il indiqué.
Et d’ajouter
“le deuxième problème c’est celui des promoteurs qui sollicitent la création des formations sanitaires privées et qui peuvent s’impatienter lorsque la réponse positive attendue n’arrive pas. Le problème c’est que 80% de la demande de création et d’ouverture est urbaine, là où le problème d’accessibilité géographique n’est pas la principale préoccupation pour le système de santé camerounais. Et là où existent les déserts médicaux, la demande privée est faible “.
Toujours selon lui, le 3e problème est celui de l’assainissement de la carte sanitaire. Celui-ci, précise-t-il, se décline en plusieurs catégories : les formations sanitaires illégales ne disposant d’aucune autorisation et étant pourtant ouvertes au public ; les formations sanitaires ne disposant peut-être que des autorisations de création mais pas des autorisations de fonctionnement ; les formations sanitaires qui ont certes des autorisations en bonne et due forme mais qui exercent en dehors du cadre de leur autorisation et il y en a qui peuvent être conforme dans leur document, mais qui sur le plan de la qualité, sont totalement à côté de la plaque, c’est-à-dire des centres qui posent des actes dangereux ; il y a également l’exercice illégal de la pharmacie. C’est probablement la régulation de tout ceci, qui permettra au gouvernement de parfaire sa carte sanitaire comme le prévoit la Stratégie nationale de développement horizon 2030.
6000 formations sanitaires privées
En attendant, le Pr Eugène Sobngwi a
fait une brève présentation de la carte
sanitaire actuelle du pays.
” Le Cameroun dispose de 2660 formations sanitaires publiques. Elles sont classifiées en 6 voire 7 catégories. La 1ère catégorie ce sont nos hôpitaux généraux (7) ; la 2e catégorie qui sont des directions assimilées du ministère de la Santé publique, le Cameroun dispose de 13 déjà opérationnels ; la 3e catégorie ce sont les hopitaux régionaux et assimilés qui sont au nombre de 18 ; la 4e catégorie qui sont les hôpitaux de district, il y a 165 hôpitaux de district public ; la 5e catégorie ce sont les Centres médicaux d’arrondissement (Cma) qui sont au nombre de 269. En dessous des Cma, la 6e catégorie, nous avons les Centres de santé intégrés (Csi) qui sont au nombre de 2188 et sont dirigés par des Infirmiers diplómés d’Etat alors que les Cma sont dirigés par des médecins “
a-t-il souligné.
Et de poursuivre :
“il y a la 7e catégorie, les centres de santé ambulatoire, qui, bien que n’étant pas encore fortement utilisée, est un levier sur lequel le ministère de la Santé compte s’appuyer pour permettre, avec les stratégies avancées, de rapprocher l’offre de la demande dans des endroits où la question d’accessibilité géographique peut se poser. A ceci, il faut ajouter l’offre privée qui se répartit en offre privée laïque et offre privée confessionnelle. Au Cameroun, on compte plus de 6000 formations sanitaires privées ouvertes au public “.