Par Sandra Embollo
Le député à l’Assemblée nationale camerounaise invite le ministre des enseignements secondaires à faire profil bas après l’interpellation sur la qualité approximative des installations et les résultats en chute libre aux examens officiels
Document.
” Madame la Minesec se sent-elle pousser les ailes d’un premier ministre ou d’un Président de la République?
Madame la Ministre des enseignements secondaires aurait dû s’abstenir de répondre au Maire de Ngoumou. Sa correspondance a certes le mérite de rappeler qui occupe sa fonction, mais elle n’entraîne qu’un seul effet : l’énervement des gens. Peut-être s’est-elle sentie personnellement indexée par le propos public courageux du Maire de Ngoumou, mais ce dernier n’a fait que saisir une opportunité qui se rattache à son Ministère, pour déplorer la scandaleuse politique de décentralisation qui ruine le Cameroun. Aussi Ministre qu’elle soit, défendre cette politique n’est pas de son niveau. Même si le système éducatif se trouve complètement plombé par cette politique ruineuse, elle n’en est elle-même qu’un malheureux bouc-émissaire, et c’est au Président de la République et au Premier Ministre de répondre aux élus et par ricochet, aux camerounais.
La Ministre peut sans doute se trouver d’autres occasions de se donner de l’importance. Mais sur ce coup, c’est largement au dessus et de sa respectable personne, et de sa précaire fonction. D’ailleurs c’est ainsi qu’elle a failli se fourvoyer toute seule au début du mouvement des enseignants dénommé On a trop souffert ! C’est bien de vouloir prendre sur soi. Elle joue peut-être au soldat de première ligne. Mais elle est en réalité une diversion.
Maintes fois à l’Assemblée Nationale nous avons interpelé le Gouvernement au sujet de sa politique de décentralisation. Elle est sans aucun doute, l’un des plus gros échecs du régime.
Tout le pays souffre de la centralisation : elle a provoqué une guerre dans le noso, elle transforme les élus locaux en figurants, incapables d’améliorer les vies de leurs citoyens, elle ossifie la corruption administrative, elle aggrave la misère et la précarité des camerounais etc.
La loi de finances qui arrive va encore au yeux de tous, anesthésier l’article 25 du Code de la décentralisation qui octroie sans ambiguïtés 15% du budget de l’Etat aux Communes et Régions (ce n’est qu’un exemple). Les Députés vont encore dénoncer, et comme à l’accoutumée, ils se heurteront à la surdité du Gouvernement.
Je salue le courage du Maire de Ngoumou. Venant d’un élu du parti gouvernant, qui porte par ailleurs la réputation de défenseur parfois zélé de son organisation politique, c’est rare pour être souligné. D’ailleurs malgré la pertinence et le courage de son propos, il ne reçoit que peu de soutiens des élus de son camp politique. Même mon collègue Essomba Bengono de la Mefou et Akono pourtant remarquablement engagé pour la cause, est encore muet… Peut-être justement que la sortie désastreuse de madame la Ministre n’a pour seul but que de brider la liberté de parole que peut légitimement susciter cette sortie du Maire de Ngoumou. Il est de mode de se voir interdire de parler…
Dans l’ouvrage ce que j’ai vu ! Nous démontrons le caractère désastreux de la politique actuelle de décentralisation et nous présentons une offre alternative. J’espère que le Maire de Ngoumou dans le secret de l’urne en 2025, donnera courageusement sa voix à cette offre.”