Par Panorama papers
L’Enseignement Supérieur au Cameroun : Un Salaire de Misère à 600 000 Fcfa Face aux 1 200 000 Fcfa en Côte d’Ivoire et au Bénin – Symptôme d’un Système Malade.
Résumé :
Cet article analyse les résultats du Cameroun au concours d’agrégation en médecine du Cames, où le pays affiche un faible taux de réussite de 23,53 %, comparé à des taux dépassant 90 % dans des pays comme la Côte d’Ivoire et le Bénin. Cette performance médiocre est liée aux conditions de travail précaires des enseignants camerounais, notamment un salaire moyen de 600 000 Fcfa par mois, bien inférieur à celui de leurs homologues en Côte d’Ivoire et au Bénin, qui gagnent respectivement environ 1 200 000 Fcfa et 1 100 000 Fcfa. L’écart de rémunération souligne la crise de l’enseignement supérieur au Cameroun et l’impact de la sous-valorisation des enseignants sur la qualité de l’éducation et de la recherche. L’article prône une revalorisation des salaires pour redonner au Cameroun une chance de rivaliser dans le domaine académique en Afrique.
Mots clés :
Cames, Enseignement Supérieur, Cameroun, Agrégation, Salaire, Crise académique, Comparaison salariale, réforme, Bénin, Côte d’Ivoire, Médecine, Paul Biya, Mldc.
Introduction
Les résultats du dernier concours d’agrégation en médecine du Cames (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) révèlent une contre-performance alarmante pour le Cameroun. Avec un taux de réussite de seulement 23,53 %, le Cameroun est largement distancé par des pays comme la Côte d’Ivoire (97,26 %) et le Bénin (93,94 %). Ce constat met en évidence une crise structurelle de l’enseignement supérieur au Cameroun, aggravée par les conditions précaires et la faible rémunération des enseignants. Cet article explore l’impact de cette sous-valorisation salariale sur les performances académiques et le développement du pays.
- Le concours Cames : Une évaluation révélatrice
Au concours Cames pour l’agrégation en médecine, le Cameroun n’a enregistré que 4 admissions sur 17 candidats, soit un taux de réussite de 23,53 %. Ce résultat est préoccupant lorsque l’on considère que le taux moyen d’admission pour les pays participants est de 87,87 %. Par exemple, le Bénin et la Côte d’Ivoire, avec respectivement 93,94 % et 97,26 % de taux de réussite, montrent que l’investissement dans les enseignants se reflète directement dans les résultats académiques internationaux.
- Comparaison des salaires des enseignants : Le Cameroun à la traîne
Une analyse des salaires des enseignants dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale met en lumière l’écart de rémunération qui explique en partie la crise de l’enseignement supérieur au Cameroun :
- Cameroun : En moyenne, un professeur titulaire gagne 600 000 Fcfa par mois. Un maître de conférences démarre à environ 450 000 Fcfa. Ces montants sont parmi les plus bas de la région.
- Côte d’Ivoire : Un professeur titulaire gagne autour de 1 200 000 Fcfa par mois, soit le double du salaire au Cameroun.
- Bénin : Les professeurs titulaires touchent en moyenne 1 100 000 Fcfa par mois. Ce salaire est près de 83 % supérieur à celui des enseignants camerounais.
- Sénégal : Les professeurs d’université gagnent en moyenne 1 000 000 Fcfa, un salaire plus attractif qui contribue à un climat académique plus stable et plus compétitif.
Cette comparaison révèle un manque d’investissement dans le personnel académique au Cameroun, créant un climat de découragement et une démotivation accrue parmi les enseignants.
- Les conséquences d’une faible rémunération sur la qualité de l’enseignement
Plusieurs études ont montré l’importance de la rémunération des enseignants dans la qualité de l’éducation et de la recherche. Selon Bankole et Adebayo (2020), la rémunération insuffisante des enseignants est corrélée à une baisse de motivation, un phénomène observé au Cameroun où de nombreux enseignants, confrontés à des salaires bas, sont obligés de chercher des revenus complémentaires. Cette situation nuit à leur productivité académique et à la qualité de leur encadrement des étudiants.
Au Cameroun, le faible salaire des enseignants pousse certains à exercer des activités parallèles ou à quitter le secteur universitaire pour des postes mieux rémunérés dans le privé ou à l’étranger. Ce phénomène est amplifié par des retards de paiements fréquents et une absence de soutien pour les projets de recherche. Les pays comme la Côte d’Ivoire et le Bénin, où les enseignants sont mieux rémunérés, bénéficient non seulement de taux d’admission plus élevés au concours Cames, mais aussi d’un meilleur climat de recherche, avec des chercheurs mieux soutenus et plus motivés.
- Impact sur le développement national
L’enseignement supérieur est un pilier du développement d’une nation, produisant des experts et des chercheurs essentiels pour l’innovation et la croissance économique. Un pays qui néglige la rémunération et les conditions de travail de ses enseignants hypothèque son avenir. La crise de l’enseignement supérieur au Cameroun, exacerbée par des salaires faibles, affecte non seulement les performances académiques mais aussi la capacité du pays à retenir ses talents.
En Côte d’Ivoire et au Bénin, les gouvernements ont investi dans la revalorisation salariale des enseignants, reconnaissant leur rôle dans la formation de cadres et de chercheurs compétents. Le Cameroun pourrait tirer des leçons de ces exemples pour restructurer son système d’enseignement supérieur, améliorer les conditions de travail des enseignants et offrir des salaires compétitifs pour favoriser la stabilité et l’attractivité du secteur.
Conclusion
Le faible taux de réussite du Cameroun au concours Cames pour l’agrégation en médecine et la rémunération inadéquate des enseignants universitaires traduisent une crise profonde de l’enseignement supérieur. Avec un salaire moyen de 600 000 Fcfa, les enseignants camerounais sont moins bien rémunérés que leurs homologues en Côte d’Ivoire (1 200 000 Fcfa) et au Bénin (1 100 000 Fcfa), ce qui limite leur efficacité et affecte la qualité de l’éducation. Le Cameroun doit entreprendre une réforme de son système d’enseignement supérieur en revalorisant les salaires des enseignants pour retrouver sa compétitivité académique en Afrique et garantir un avenir prometteur à sa jeunesse.
Références
- Bankole, A., & Adebayo, O. (2020). Higher Education Salary Structure in Sub-Saharan Africa: Comparative Perspectives. African Education Review, 17(3), 450-467.
- Moll, P., & Tlamelo, T. (2019). The Impact of Teacher Compensation on Educational Quality: Evidence from Southern Africa. Journal of African Development, 21(2), 35-52.
- Smith, J., Adams, R., & Choi, J. (2021). Linking Teacher Well-being to Educational Outcomes: Insights from Low-Income Countries. Global Journal of Education Policy, 29(1), 100-125.