Par Par Eric B. Tchouake
Le Président national du Social Democratic Front, Joshua Osih, candidat à l’élection présidentielle de l’année prochaine, selon une affiche de son parti politique, était le 17 août 2024 en réunion à Bruxelles en Belgique avec des membres de la diaspora camerounaise.
Il a échangé avec eux notamment sur la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la forme de l’Etat ou encore sur l’idée de coalition des forces politiques de l’opposition à l’occasion de la présidentielle de 2025.
Avant, ou à côté de Joshua Osih, on constate que plusieurs autres leaders politiques rencontrent assez régulièrement les membres de la communauté camerounaise vivant à l’étranger particulièrement en Europe et en Amérique du Nord, afin de pouvoir obtenir leur soutien dans la perspective des prochaines échéances électorales au Cameroun.
Il en est ainsi par exemple du Président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun et principal opposant au régime, Maurice Kamto, du député Cabral Libii, leader du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale, ou encore l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des avocats, Maître Akere Muna.
Toutes ces personnes mentionnées ou presque devraient être en lice comme candidats lors de la prochaine présidentielle. Et la diaspora camerounaise devrait jouer un rôle majeur, non moins décisif, au cours de ce scrutin présidentiel.
D’un point de vue numérique, son poids électoral est négligeable, comparé au nombre d’électeurs inscrits au Cameroun, comme un peu partout ailleurs dans le monde en pareille occasion pour chaque pays.
Mais la diaspora camerounaise pèse financièrement lourd. Et de l’argent, tout candidat à l’élection présidentielle en a besoin, pour par exemple verser les 30 millions de Fcfa à titre de caution de sa candidature, pour concevoir et faire fabriquer ses gadgets de campagne, pour ses déplacements et la logistique de ses meetings, ou encore pour la prise en charge des membres de son équipe de campagne et ses scrutateurs.
Les membres de la communauté camerounaise vivant à l’étranger sont capables de fournir l’essentiel de ces moyens à un candidat notamment de l’opposition qu’ils soutiennent.
Il convient de relever que l’argent du financement public , par ailleurs aléatoire, de la campagne électorale au Cameroun ainsi que les modalités de son versement en deux tranches ,une première moitié avant, et l’autre après l’élection sous certaines conditions ,est généralement faible, en tout, cas, très loin de pouvoir couvrir les charges de la campagne des candidats et des partis politiques.
En 2018, date de la dernière élection présidentielle, seulement 30 millions de Fcfa au total étaient prévus par les pouvoirs publics pour le financement de chacun des neuf (09) candidats qui étaient en course.
Le candidat Maurice Kamto avait renoncé à ce financement dont il trouvait le montant dérisoire. La diaspora camerounaise lui a démontré sa forte capacité de mobilisation des fonds à l ‘occasion de l’initiative « Survie Cameroun » ,opération de levée de fonds qu’il avait lancé pour venir en aide aux populations vivant au Cameroun, au plus fort moment de l’épidémie mondiale du Covid 19.
Par ailleurs, les membres de la diaspora qui soutiennent pour la plupart financièrement leurs proches restés au Cameroun, pourraient bien influencer les choix électoraux de ces derniers le moment venu.
Enfin, des candidats à la présidentielle peuvent aussi se servir de la qualité de certains membres de la diaspora pour mener des actions de lobbying à l’étranger.
En état actuelle des choses, il semble donc très difficile pour un candidat de peser lourd à la prochaine présidentielle, sans le soutien au moins à minima de la diaspora ou d’une certaine partie de la diaspora camerounaise.
Les principaux candidats, y compris dans le camp du Président sortant, l’ont bien compris.
