Une Enquête de Joseph OLINGA N.
«La scène s’est déroulée sous le regard de tous. Un gardien de prison est venu chercher un jeune garçon et l’a conduis dans une cellule où l’attendait un «Nkassa» (non donné aux condamnés à mort et aux bandits de grand chemin, à la prison centrale de Yaoundé). La suite est autant connue.
«Généralement, la victime est déshabillée de force puis sodomisée. Il arrive parfois, que le jeune garçon soit abusé par plusieurs personnes.»
Raconte Alvine, ancienne pensionnaire de la prison centrale de Yaoundé.
Des scènes comme celle-là, raconte Patrick, ancien pensionnaire de Kodengui (aujourd’hui reconverti aux prêches chrétienne), se vivent presque tous les jours. Chaque fois, il y a un gardien de prison dans l’histoire. Parfois plusieurs, un qui donne les ordres et un autre qui saisit les victimes et encaisse les sommes reversées par les clients.
«Gaspard»
Les pratiques homosexuelles sont aussi pratiquées sous le prisme de la prostitution masculine. Comme dans le premier cas, il y a toujours un gardien de prison dans l’histoire.
«Le gardien de prison se charge de porter les sollicitations et les attentes des deux partenaires. La nuit tombée, il (le gardien de prison) se charge de faciliter le transfert de l’un des détenus vers la cellule du demandeur.»
Généralement des prisonniers nantis. Au bout du compte, le «Gaspard» (jargon désignant un geôlier à la prison centrale de Yaoundé) encaisse toujours des sommes d’argent qui lui sont reversées par les deux parties.
C’est une démarche similaire qui est observée dans la prostitution féminine qui sévit dans la prison centrale de Yaoundé. Chantal, ancienne détenue de la prison centrale de Yaoundé, adepte d’une église de réveil depuis sa sortie de prison confesse avoir pratiquée la prostitution au sein de la prison.
«Vous êtes approché par une gardienne ou un gardien de prison. Parfois, c’est un taxi (détenu commis) qui vous transmet la sollicitation d’un autre détenu. Il s’agit généralement des détenus nantis.»
Mise en observation
Une fois l’appel à rejoindre les cellules exécuté, la détenus est conduis vers son client avec l’aide d’un gardien de client.
«Il y a aussi des cas où une gardienne de prison, elle-même, rejoint la cellule d’un détenu.»
Généralement, explique Charles, détenu à la prison centrale de Yaoundé, l’infirmerie de l’hôpital sert de lieu de rencontre et d’auberge entre les détenus ne possédant pas de cellule individuelle.
«Dans ce cas de figure, Il faut bénéficier de la complicité de l’infirmière de garde. Elle s’arrange à garder les deux «tourtereaux» en observation à l’infirmerie et perçoit entre 15 et 25 mille Francs. Elle joue également le rôle de guetteur lors des ébats.»