Une Enquête de Joseph OLINGA N.
Les réseaux de production, de distribution et de consommation de drogue ont la réputation dêtre discret. A la prison centrale de Kodengui, cette règle semble ignorée. Sous le sceau de lanonymat, un ancien détenu raconte comment des gardes-prisonniers animent au vue et au su de tous la filière dans la principale prison de la ville de Yaoundé.
Pour des raisons évidentes, Arthur parle sous anonymat.
«Il existe des connexions bien organisées à lintérieur de la prison. Il sagit des comptoirs qui servent à la distribution du chanvre indien en gros et en détail.»
L’homme qui entame la trentaine a passé cinq ans à la prison de Kodengui. Selon lui, le réseau est contrôlé en grande partie par des gardiens de prison bien identifiés.
Réseaux multiples
Mais il ny a pas que le chanvre indien à la prison centrale de Yaoundé.
«La taille et le caillou sont des drogues en vogue à la prison central de Kodengui.»
Si le caillou, dérivé de la cocaïne, cuisinée à la sauce locale fait partie des drogues ayant pignon sur rue dans lenceinte de la prison, Il y a aussi la Taille.
«Cest une drogue élaborée à partir dossements humains séchés puis moulu.»
Même son coût exorbitant ne freine pas son expansion au sein de la population carcérale. En croire de nombreuses sources, le gramme coûte entre 25 et 40 mille Francs Cfa.
Les consommateurs sont ravitaillés par plusieurs réseaux en activité dans la prison. Dabord des gardiens de prisons qui détiennent des distributeurs parmi certains détenus. Ils sont adjoints par les dealers «en général des condamnés à mort» qui, eux-aussi, ont installé des ramifications dans lespace carcéral.
«Il y a aussi des policiers et des gendarmes qui séjournent ou ont séjourné ici qui alimentent le circuit.»
Un réseau complété par certains détenus admis à des corvées qui ramènent des quantités non-négligeables de drogue au sein de la prison.