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SPECIAL – Cameroun > Projets structurants du Renouveau: Entre les temps d’exécution incertains et les rallonges budgétaires

Telles sont les deux grands maux qui auront entamé l’efficience de plusieurs initiatives d’envergure de l’homme du 6 novembre 1982.

Par panorama papers
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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

A l’observation, tous les grands projets dits structurants entrepris ou exécutés sous l’ère du Renouveau, surtout à partir de 2006 après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Pays pauvre très endettés (Ppte), avec la remise substantielle la dette du Cameroun, sont questionnables au regard du temps d’exécution et des sommes englouties. On constate, qu’importe le secteur pris, un décalage assez long entre le délai d’exécution et le temps effectif de livraison.

Cette réalité traduit une étude de faisabilité très peu structurée (voulue ou pas), ce qui aboutit à des arrêts fréquents des travaux, des avenants à n’en plus finir, qui expliqueraient des rallonges budgétaires. Quand bien même les bonnes pratiques prescrivent que le montant des avenants ne doit pas excéder les 20% de l’enveloppe initiale d’un projet, il est arrivé qu’au Cameroun, on en arrive à 40% voire plus. La construction du barrage de Mekin (15 Mw) en est une parfaite illustration. D’un coût initial de 25 milliards Fcfa (Exim Bank of China à hauteur de 75% et l’État du Cameroun à hauteur de 25%), le projet avait déjà englouti 34,5 milliards Fcfa en début 2020, selon la société de projet Hydro Mekin. C’est en effet depuis 2015 que la société Hydro Mekin annonce en vain la mise en marche de cet ouvrage hydroélectrique. Mise sous tension depuis juin 2019, après plusieurs années de retard dans la livraison du chantier, cette centrale construite dans la région du Sud du pays n’a jamais véritablement fonctionné, en raison de nombreuses difficultés aussi bien technique, environnementale que juridico-administrative.

C’est finalement au mois de juin de cette année 2022 que les premières injections de Mw dans le réseau interconnecté sud sont effectives. Des sources proches du projet indiquent qu’au bout du compte, le budget initial aurait été multiplié par quatre voire plus. La situation n’est guère différente en ce qui concerne Lom Pangar.

La première pierre a été posée le 3 août 2012 par Paul Biya en personne, avec un investissement cumulé à 240,9 milliards Fcfa, pour la construction d’une retenue réservoir d’une capacité de 6 milliards de m3 d’eau destinée à saturer en période d’étiage la centrale de production de Song Loulou (335 Mw) et d’augmenter la production de la centrale d’Edéa (224 Mw). En plus de ceci, il était prévu la construction d’une centrale hydroélectrique de 30 Mw censée être livrée en 2018 alors que le réservoir était attendu en 2016. Si ce dernier a été achevé en 2017, les premiers mégawats de la centrale ne sont attendus qu’à la fin du premier trimestre 2023. Comme on le voit, on est encore dans l’attente de l’énergie dans un projet considéré exécuté. Il en va également de Memve’ele (211 Mw). Les travaux ont commencé en 2012 et l’achèvement était prévu en 2017.

Après sa livraison en 2018, on a observé une baisse drastique de la production qui est passée de 90 Mw disponibles par jour durant toute la période la Coupe d’Afrique des nations de football (entre janvier et février 2022) à une puissance de 30 Mw seulement en soirée (entre 18h et 22h) et à 0 Mw en dehors de ces heures, quelques jours après. Il est donc prévu la construction d’un barrage réservoir comme à Lom Pangar pour pallier à cette baisse significative en saison sèche. Par ailleurs il faut relever que les barrages tels que Nachtigal Amont (420 W); Bini à Warak (75 Mw); Grand Eweng sur le fleuve Sanaga (1080 Mw); Katsina Ala (285 Mw) ; Menchum (72 Mw) sont annoncés en cours de construction.

Les autoroutes et les infrastructures sportives

En ce qui concerne les projets autoroutiers, l’exemple de Yaoundé – Douala (199 km) est intéressant. Les travaux de la première section Yaoundé-Bibodi (60 km) sont achevés. Ils ont été lancés en 2013 et à ce jour, seulement 60 km sur les 199 sont bitumés soit en une période de 10 ans.

On ne comprend pas toujours pourquoi l’Etat du Cameroun n’a pas commencé les travaux par Douala pour désengorger l’entrée de la ville à tout au moins. L’autoroute Yaoundé-Nsimalen (23,1 km) connaît le même sort. Les coûts du projet ne sont pas maitrisés. De 87 milliards en 2013, ils sont de 276 milliards en 2020 pour la phase 2, qui reste bloqué à cause des emprises non libérées entre autres. L’autoroute Kribi – Lolabé (38 km), a été par ailleurs livrée cette année.

En ce qui concerne la construction des infrastructures sportives, le complexe sportif d’Olembe donne des insomnies à l’opinion car cette infrastructure est le prototype achevé de ce qui est arrivé aux projets de grande envergure sous le Renouveau. C’est pourtant en 2009 que les autorités camerounaises, sous l’égide du ministre des Sports de l’époque, Augustin Edjoa, ont procédé à la pose de la première pierre du chantier. Le complexe sportif d’Olembe faisait alors partie d’un vaste projet chinois de construction de dix stades à travers le pays.

Aujourd’hui en 2022, soit 13 ans plus tard, il n’est pas toujours achevé. Le marché, d’un montant de 163 milliards francs Fcfa, est alors attribué en 2015 au groupe italien Piccini, qui a pour mission de livrer le complexe à la fin de 2018. Les travaux ne démarrent qu’en mars 2017. Afin de rattraper le temps perdu, Piccini fait venir par bateau des éléments préfabriqués en Italie. En 2019, le Minsep résilie le contrat de Piccini au profit d’une autre entité, Magil Construction. Selon plusieurs sources politiques et administratives, Magil construction a déjà reçu 42 milliards Francs Cfa sur les 55 milliards prévus pour l’ensemble du projet. Dans cette affaire, un pan important du mal se trouve dans la formulation des termes du contrat entre la tutelle et Magil.

En dépit de tout, il convient de relever que le Renouveau a doté le pays d’autres infrastructures sportives sans couacs majeurs. Il en va de même des hôpitaux de références, des universités d’Etat et autres. L’histoire du scandale d’Olembe donne une idée des mauvaises pratiques et mécanismes mis en place dans le secteur des infrastructures au Cameroun.

Le pays a dépensé ces dernières années de grosses sommes pour la construction de nombreux ouvrages (barrages, routes, ponts, stades, etc.), mais tous connaissent des retards importants dans leur réalisation et des problèmes dans la gestion des financements. Ces projets ont contribué à endetter l’État pour des résultats bien en deçà de ce qui était attendu.

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