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Cameroun: Quarante ans de pouvoir dans le noir

On le sait depuis le début de cette semaine. La loi de finances 2023 consacre l'augmentation de la vie chère dès l'année prochaine.

Par panorama papers
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Par Serge Aimé Bikoi

Le prix de tout ou presque va subir une inflation dans les circuits commerciaux. Du timbre fiscal à la vignette automobile en passant par les denrées de première nécessité et les boissons alcoolisées. Dans le but de renflouer les caisses de l’État, le gouvernement camerounais a choisi d’axphysier le bas-peuple par un approfondissement et un élargissement de l’assiette fiscale. Toute chose qui annihile le maigre pouvoir d’achat d’une population, dont les pauvres n’ont cessé de s’appauvrir. Chronique sociale sur les piètres choix des politiques économiques du gouvernement camerounais.

Tout avait commencé dans la moitié des années 80 lorsque la récession économique avait présenté ses premiers signaux à travers trois déterminants structurel et conjoncturel : la détérioration des termes de l’échange ; la baisse du Produit intérieur brut(Pib) et l’augmentation de la dette extérieure. Dans l’optique de juguler cette crise économique, l’homme du 6 novembre 1982 va s’engager dans une politique d’ajustement structurel (Pas) à compter des années 1988-1989 avec l’aide des Institutions de Bretton Woods, à l’instar du Fonds monétaire international (Fmi) et de la Banque mondiale. L’une des mesures les plus spectaculaires de cette politique sera, sans doute, la dévaluation du Franc Cfa en janvier 1994.

Au Cameroun, comme dans d’autres pays, le Fmi et la Banque mondiale conditionnent l’ajustement structurel par trois facteurs.
Le premier, c’est le maintien d’un déficit budgétaire bas et d’un taux de change correct. Ce qui devait être obtenu par une grande discipline budgétaire ascétique, une privatisation et une dévaluation du Fcfa chaque fois que cela était nécessaire.
Puis deuxièmement, il fallait encourager la compétitivité à l’intérieur comme à l’extérieur du pays par des stratégies orientées vers l’exportation, la dé-régulation à l’intérieur, les réformes du commerce et le dés-investissement dans les entreprises publiques. Troisièmement, il fallait utiliser, de manière prudente, les ressources gouvernementales, en évitant d’intervenir là où les lois du marché fonctionnaient relativement bien.

Sur la base de ces principes, Paul Biya, le jeune président de l’époque, n’a pas beaucoup de choix. Il faut s’aligner pour sauver l’économie du pays qui se porte mal. Les revenus pétroliers ont chuté de plus de 27%. C’est la galère dans le pays. Sur la base de ces recommandations du Fmi et de la Banque mondiale, le Cameroun enclenche des privatisations en cascades. La Sotuc, l’Oncpb, la Mideviv, le Fodic, la Regifercam, la Cameroon airlines(Camair), la Camship, la Biao, la Sonel, la Snec sont, entre autres, des entreprises étatiques privatisées. Une privatisation qui conduira, au bout du compte, à leur mort.

A la fonction publique camerounaise, les temps sont aussi durs. Deux baisses salariales drastiques successives vont s’enchainer entre janvier et novembre 1993. La première coupe est de l’ordre de 30% alors que la seconde s’évalue à 50%. Dans son discours de fin d’année 1993, le Chef de l’État du Cameroun va tenter une explication pour apaiser les cœurs. “Entre la baisse des salaires et la compression drastique des effectifs, disait-il, nous avons choisi la première option pour ne pas avoir « à jeter, dans la rue, des dizaines de milliers de Camerounais, pères et mères de dizaines d’enfants et de famille, jeunes en début de carrière, anciens fonctionnaires, dont la reconversion aurait été difficile“.

40 ans après l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême, le gouvernement camerounais a, à la suite de l’opérationnalisation des Plans d’ajustement structurel (Pas), appliqué et exécuté, tour à tour, l’Initiative pays pauvre très endetté (Ippte), le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp), le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) et, aujourd’hui, la Stratégie nationale de développement (Snd 2020-2030).

A la tête du pays, le successeur constitutionnel d’Amadou Ahidjo a étrenné des slogans politiques creux, vaseux et pompeux, tels que la politique des grandes ambitions, la politique des grandes réalisations et, aujourd’hui durant ce septennat, la politique des grandes opportunités. Malgré tout, le peuple continue de croupir dans un misérabilisme ambiant et dans une paupérisation chancelante. Le Cameroun a donc passé 40 ans à s’adosser sur une politique économique néo-libérale extro-déterminée, autrement dit une politique économique conditionnée par les intérêts et desiderata de la métropole. D’où l’option pour des choix de politique économique répondant aux logiques et aux contraintes des puissances de la métropole et des Institutions de Bretton Woods, lesquelles continuer d’axphysier les décideurs gouvernementaux. Résultat des courses: c’est le bas-peuple qui en pâtit de manière perpétuelle. L’économie nationale reste et demeure consommatoire et tournée vers les importations au lieu d’être essentiellement productive.

Serge Aimé Bikoi, Journaliste et Sociologue de développement

Ce qui nous arrive donc aujourd’hui est le corollaire des médiocres choix de politique économique du gouvernement camerounais au point où les caisses de la macrostructure publique sont, désormais, vides. Qui va donc payer la note au demeurant ? C’est malheureusement et malencontreusement le bas-peuple pauvre qui va davantage s’appauvrir. Pauvre peuple camerounais appelé à resserrer, de nouveau, la ceinture dès 2023! Pauvre peuple camerounais appelé à subir les soubresauts et les contrecoups des piètres options des politiques économiques du gouvernement décadent et déliquescent!

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