Par Éric Boniface Tchouakeu
Au moins deux grands défis attendent le Gouvernement au cours de cette nouvelle année scolaire. Le premier est d’ordre sécuritaire notamment dans la région de l’Extrême-Nord du pays, où des attaques sporadiques de la secte terroriste d’origine nigériane, Boko Haram, sont toujours enregistrées.
Il y a aussi et surtout la sécurisation des édifices scolaires, des élèves et des enseignants dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où des groupes séparatistes ont appelé au boycott de la rentrée scolaire.
Dans le cadre de la préparation du présent retour à l’école, le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense ,Joseph Beti Assomo, au cours d’une réunion de sécurité présidée le 29 août 2022,en présence des principaux responsables en charge de ce secteur dans le pays, a reconnu que les défis restent grands.
Car selon lui, « des cas d’enlèvements contre demande de rançons, l’usage d’engins explosifs improvisés », « la propagande » des sécessionnistes sur « le boycott de la rentrée scolaire ainsi que des pertes en vies humaines », sont encore enregistrés dans les deux régions anglophones.
Depuis le début de l’insurrection séparatiste fin 2017, consécutive à la crise anglophone qui a éclaté au grand jour un an plus tôt, l’école est utilisée comme arme de guerre notamment par des groupes armés rebelles.
De nombreux cas d’attaques des établissements scolaires avec à la clef ,des meurtres des élèves et des enseignants, attribuées à ces derniers ont souvent été enregistrés.
On se souvient par exemple de l’attaque le 24 octobre 2021 d’une école dans la ville de Kumba, région du Sud-Ouest, dans laquelle au moins huit(08) enfants avaient été tués et une douzaine d’autres blessés. Ce drame avait profondément ému au Cameroun et au-delà.
On espère non seulement des forces de défense et de sécurité davantage d’efforts pour protéger les écoles et les membres de la communauté éducative dans ces régions, mais aussi des groupes séparatistes, une prise de conscience simplement du fait que l’éducation est un droit sacré pour toute personne qui appartient à l’espèce humaine.
Le deuxième challenge à relever par les autorités en vue d’assurer un bon déroulement de l’année scolaire en cours est d’ordre social. Il concerne la satisfaction des revendications des enseignants du public.
Dans un communiqué conjoint publié le 30 août 2022, les mouvements : On a Trop Attendu (Ota), On a Trop Supporté (Ots), et le Syndicat des Enseignants du Cameroun pour l’Afrique (Seca),appellent les enseignants à la grève ,en « s’abstenant » par exemple de « toute activité pédagogique » tout au long de la semaine.
Ces organisations à la pointe du mouvement d’humeur qui a longuement perturbé le déroulement de l’année scolaire écoulée, indiquent que toute suspension éventuelle de la grève sera précédée de la prise en compte et de la résolution d’au moins cinq (05) principales revendications : « l’automatisation des actes de carrière des enseignants avec effet financier, le paiement total de la dette des enseignants, la signature et l’application du statut spécial des enseignants et un échéancier de résolution acceptable pour les autres revendications. »
Le Ministre de la Communication et Porte parole du Gouvernement au cours d’une conférence de presse consacrée à la rentrée scolaire donnée le même 30 août 2022, a dénoncé sans les nommer, le « chantage » et la « surenchère de mauvais aloi que certains veulent attiser à travers de nouvelles revendications à la fois intempestives et inopportunes. »
Bien avant, Réné Emmanuel Sadi a énuméré toutes les solutions déjà mises en œuvre par le Gouvernement suite au mouvement d’humeur du corps enseignant durant la dernière année scolaire et qui a consisté essentiellement au versement de plusieurs milliards de Fcfa de dettes dues par l’Etat aux enseignants.
Les seigneurs de la craie avaient exprimé plusieurs revendications presque uniquement d’ordre financier, touchant à leur carrière et à leurs conditions de travail.
Le dialogue entre les différentes parties doit se poursuivre afin de parvenir à une solution juste et acceptable pour tous, pour le bien de l’école.