Par Léopold Dassi Ndjidjou
Le titre du communiqué adressé à la communauté nationale et internationale, est révélateur des attentes des défenseurs des droits humains : « protéger l’éducation, promouvoir la paix ; l’école n’est pas une arme de guerre. Les enfants doivent aller à l’école dans le Noso ». Cette coalition recommande fortement au gouvernement camerounais, à la veille de la rentrée, d’établir immédiatement un mécanisme de protection pour garantir une sécurité et une protection adéquates pour les enfants qui vont à l’école, des enseignants ou le personnel, les infrastructures scolaires et les civils vulnérables en général.
Par ailleurs, elle prie le gouvernement du Cameroun de mettre fin au règne de l’impunité dans ces zones de conflit et de veiller à ce que les auteurs de violations des droits de l’homme et d’abus répondent de leurs actes. Bien plus encore, la coalition interpelle la communauté internationale et les autres partenaires amis de l’Etat du Cameroun à persuader le gouvernement à la recherche des moyens pacifiques pour résoudre le conflit armé qui dure depuis plus de 7 ans dans les régions anglophones du pays. La coalition demande par ailleurs aux parties dans le conflit de garantir la protection et la sécurité absolue comme le recommandent les différentes lois internationales sur les droits de l’homme et le droit humanitaire afin d’assurer une rentrée scolaire efficace et sans heurts sur l’étendue des régions anglophones. Dans le même sillage, elle rappelle aux parties belligérantes qui commettent ces atrocités et privent les enfants de leurs droits fondamentaux à l’éducation qu’elles devront répondre de tous leurs crimes, tôt ou tard.
Tout en priant l’autorité judiciaire compétente d’ouvrir une enquête immédiate et indépendante suite aux récentes attaques dans les deux régions pour s’assurer que les auteurs de ces actes odieux et barbares soient identifiés, arrêtés et poursuivis en conséquence, la coalition les condamne avec la plus grande fermeté ainsi que les tentatives d’empêcher les enfants d’exercer leurs droits fondamentaux à l’éducation.
Synopsis du conflit
Depuis que le conflit armé en cours dans les régions anglophones du Cameroun s’est intensifié début 2017, des milliers d’enfants ont abandonné l’école soit en raison du niveau élevé d’insécurité, des appels au boycott de l’école, des menaces systématiques des séparatistes, des attaques perpétrées contre les enfants allant à l’école, sur les infrastructures scolaires, sur les enseignants et sur les autres acteurs de l’éducation et autres.
En 2017, l’International crisis group (Icg) a rapporté que le conflit dans les régions anglophones du Cameroun a entraîné la fermeture de plus de 4 000 écoles, ce qui a privé environ 700 000 enfants d’accès à l’éducation. En outre, l’Onu a estimé que deux écoles sur trois dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest étaient définitivement fermées. L’Unicef, pour sa part, a indiqué que près de 900 000 enfants des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été touchés par la crise et n’ont pas pu accéder à l’éducation.
En 2023, l’Icg et d’autres organisations internationales ont indiqué que 54 % des écoles étaient restées fermées au cours de l’année scolaire 2022/2023, qu’environ 200 000 enfants en âge scolaire avaient été déplacés et que la plupart d’entre eux n’étaient toujours pas scolarisés.
Les organisations internationales ont ajouté que 1,4 million d’enfants d’âge scolaire avaient besoin d’une assistance humanitaire en matière d’éducation en 2023. Une chose est certaine, la rentrée scolaire est devenue au fil des ans l’outil de mesure de la conflictualité dans les régions troublées du pays.