Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Le communiqué parvenu à notre rédaction parle de menaces persistantes sur la liberté d’expression en précisant que six jeunes dont une femme ont été arrêtés et d’autres activement recherchés à la suite d’une manifestation publique pacifique sur le changement politique à Garoua. « Ndh exprime ses vives préoccupations face aux arrestations et détentions arbitraires dans les opérations de restriction systématique de l’espace civique et démocratique au Cameroun », ajoute le communiqué tout en rappelant que « demander le départ de M. Biya du pouvoir » ou « rappeler que le pouvoir appartient au peuple » ne peut en aucun cas et dans aucune circonstance être considérée comme une infraction terroriste comme cela semble le cas ».
Suite à ceci, Ndh-Cameroun et Cajsc exigent « la libération immédiate et sans condition des personnes arrêtées simplement parce que arborant des t-shirts Ppc (pouvoir au peuple) pour certains et pour d’autres soupçonnées d’avoir participé à une manifestation publique ».
Bien plus, le communiqué signé par Cyrille Rolande Bechon, la directrice exécutive de Ndh-Cameroun et Mohamadou Bouba, le président de Cajsc, appelle d’une part les avocats à se constituer pour un suivi judiciaire appuyé, d’autre part les défenseurs des droits de l’homme et toute la communauté nationale et internationale à se mobiliser pour la libération de ces jeunes citoyens qui n’ont fait que s’exprimer, exerçant ainsi leur liberté d’expression consacrée par la Constitution et les textes internationaux ratifiés par le Cameroun.
Pour rappel, les 6 détenus ont été arrêtés entre le 9 et 11 septembre 2024 à Figuil (département du Mayo-Louti, région du Nord) et placés en garde à vue à la Légion de gendarmerie de Garoua, à savoir (Mme Hapsatou, 32 ans, ménagère), à la Brigade Territoriale de Garoua (Moustapha Tizi-21 ans, Mohamadou Ballo-22 ans, et Abdoulkarim-19 ans et fils de Hapsatou) et à la police judiciaire de Garoua (Ibrahim Oumarou-43 ans). On apprend par ailleurs que le fils de dame Hapsatou (Abdoulkarim), venu lui apporter à manger a lui aussi été arrêté et gardé à vue.
En outre, un stock de t-shirts de l’association a été saisi chez dame Hapsatou lors de son arrestation par les éléments de la gendarmerie nationale. Ils ont été arrêtés à Figuil dans des circonstances différentes mais avec pour dénominateur commun des t-shirts de l’association Ppc. Les détenus ont été auditionnés sans Conseil, puis transférés quelques jours après à la légion de gendarmerie de Garoua qui les a déférés devant le tribunal de Garoua.
Lequel tribunal a renvoyé l’affaire à la gendarmerie « pour enquête ». Ils sont depuis lors toujours en garde à vue. Les personnes arrêtées seraient aujourd’hui poursuivies pour attroupement illégal, manifestation publique non autorisée, incitation à la révolte, trouble à l’ordre public. Pour l’heure, ni les défenseurs de droits humains, ni les avocats n’ont eu accès à ces personnes détenues.