Par Ladifatou Moundi (La Gazelle du Noun)
La fête du sacrifice s’est célébrée avec faste et solennité dans le Noun et à Foumban. Et comme tous les ans, les populations du Noun ont pris d’assaut les lieux de prière pour adresser à Dieu des louanges d’exhaussement du sacrifice. Une célébration courue par toutes les autorités administratives, politiques et traditionnelles du Noun. Plus d’un millier de fidèles musulmans ont fait le déplacement pour célébrer la fête auprès de leur Roi au mont de la piété. Et comme à l’accoutumée, le message du Roi à son peuple était très attendu après la prêche de l’Imam Hussein.
L’annonce a fait l’effet d’une bombe au sein des populations, les applaudissements et youyous des participants à la grande prière au mont de la piété l’attestent. Le Sultan Mouhammad Nabil Mforifum Mbombo Njoya, Roi des Bamoun décide que le partage des biens du défunt à sa progéniture se fera dorénavant avant la désignation de l’héritier principal. Il était de coutume que 03 jours après le décès d’un parent, la prière d’aumône en sa mémoire soit organisée par sa famille. C’est au cours ou le lendemain de celle-ci que l’héritier du défunt est choisi parmi sa enfants, à l’issue d’un conseil de famille, et présenté publiquement. Si le défunt est un notable, la cérémonie se déroule au palais des rois Bamoun où le testament du défunt est exécuté et l’hériter sacré par le Roi au titre de notabilité de son parent.
Cette décision vient à la suite de nombreuses plaintes dans les familles sur l’accaparement des biens par l’héritier et d’innombrables contestations d’héritier. Pendant son adresse au peuple bamoun à l’occasion de la fête de Ramadan au mois de Mai dernier, le Sultan fustigeait déjà le fait que la quasi-totalité des plaintes qu’il reçoit de son peuple soient liées au foncier ou à l’héritage. De nombreuses familles sont aujourd’hui déchirées parce que les héritiers une fois sur la chaise parentale, s’approprient tous les biens de la famille, les gérant d’une main ferme et laissant leur mère, frères et sœurs sur le bas côté. Toute chose qui participe à détruire la communauté, encourageant des luttes interminables, bagarres et pratiques de sorcellerie au sein des foyers.
Sur l’organisation des obsèques, la dernière reforme date de plus de 20 ans. 02 décisions du défunt Roi, qui avaient allégé les charges et la durée du deuil en pays Bamoun. Elles consistaient notamment à raccourci les durées de prière en mémoire du défunt (Sadaka) de 07 à 03 jours et la non observance obligatoire du deuil de 40 jours par tous les membres de la famille. Cette reforme visait notamment les femmes mariées qui abandonnaient leurs foyers pour une longue période et les nombreux nombreuses personnes qui venaient passer 40 jours sur place, devenant une grosse charge au domicile du défunt.
La reforme annoncée par le Sultan Roi des Bamoun vient à point nommer mettre tous les enfants, tous héritiers de leur parent au même niveau avant la désignation du nouveau chef de famille. Cette annonce qui survient pendant la fête du sacrifice a été complétée par des conseils à l’endroit des parents quand à l’exhibition des enfants non héritiers et surtout l’organisation des conseils de famille. Le Sultan a marqué son étonnement de voir des parents qui passent toute leur vie à marcher avec l’un des enfants, et à designer un autre héritier. Il a aussi souhaité une systématisation des conseils de famille surtout pendant ces périodes de congés pour un meilleur encadrement des enfants.
La fête du sacrifice est la plus grande célébration religieuse islamique. Elle commémore la foi du prophète Ibrahim à son Dieu, symbolisée par l’acceptation du sacrifice de son fils. Une célébration qui nous invite à sacrifier ce que nous avons de plus cher pour Dieu.