Par Léopold Dassi Ndjidjou
Le patron du Sdf n’a pas du tout mâché ses mots pour dire toute sa volonté d’arriver au pouvoir en 2025. « Mon ami, je ne suis pas appelé d’être un parti de l’opposition pour toujours. Mon objectif premier est la conquête du pouvoir et je tiens à y parvenir », lance –t-il à un journaliste pour lever toute forme d’ambiguïté sur ses ambitions politiques. Il l’a dit et répété tout au long de la conférence de presse qui a porté sur trois points, dont la vie de la Nation, les questions brûlantes de l’actualité et le bilan de la session ordinaire de l’Assemblée nationale qui court à son terme.
« Notre pays est capturé par certaines personnes », déclare-t-il en substance pour expliciter la rupture entre l’action des gouvernants et la déception des attentes populaires. Il a de ce fait indiqué que lors de sa récente tournée nationale, il a eu à toucher du doigt la souffrance des Camerounais sur toute l’étendue du territoire national. Il a d’ailleurs retenu que le problème crucial qui revenait régulièrement était celui de la Carte nationale d’identité (Cni).
Alors qu’il a rendu public ce cri des Camerounais de tous les coins du pays, disant leur difficulté d’établir et d’obtenir la Cni, le pouvoir a réagi par un décret du président de la République augmentant les frais d’établissement de cette pièce cruciale constitutive de la nationalité, de 2800 Fcfa à 15500Fcfa.
Il s’en offusque et promet que dès qu’il sera aux affaires, l’établissement de la Cni sera gratuit pour tous. C’est d’ailleurs pour cela que la Sopecam avait été créée, pour imprimer les Cni des Camerounais. En deuxième lieu, il indique que l’établissement de cette pièce se fera dans les mairies car ce sont les maires qui établissent les actes de naissance, indispensables avec les certificats de nationalité pour produire les cartes. Il se demande par ailleurs comment 10 millions de Camerounais qui vivent avec moins de 813 Fcfa par jour vont procéder pour obtenir cette pièce. « N’est-ce pas une exclusion de fait de la nationalité camerounaise », se demande-t-il convaincu que c’est bien dans le cas dans un pays qui est « capturé » par certains de ses citoyens. Parlant de la vie de son parti, il a annoncé que le Sdf sort d’une décade de déstabilisation. « Ce que certains partis de l’opposition vivent aujourd’hui, est précisément ce que nous avons traversé pendant longtemps », confie-t-il pour exprimer toute la mésaventure que le Sdf a connue face au pouvoir.
Il est revenu sur le rappel du chairman Ni John Fru Ndi à Dieu. Bien plus, il a indiqué la perte du maire de Mombo et du maire adjoint de Douala 3ème. Dans l’ensemble, résume-t-il, la tournée a été une réussite car cela lui a permis de recenser les attentes des Camerounais de tous bords. Un Manifeste est en cours de rédaction à cet effet, et d’ici la rentrée, il sera rendu public. Il a aussi indiqué qu’un Front de gauche est en place, bien avant celle qui a le vent en poupe en France. A côté de cette plateforme qui est ouverte à tous les partis de gauche du pays, il y a aussi le Cameroon labour movement (Calamo), qui travaille de concert avec le Sdf.
La session de juin et la prolongation du mandat des députés
Le chairman du Sdf a fait une sorte de bilan de la session de juin-juillet en cours à l’Assemblée nationale. Il a indiqué qu’il y a eu 12 projets de loi, dont 8 portant sur la ratification par le président de la République, 7 questions orales, entre autres. Au nombre des projets de loi, celle qui divise fortement porte sur la prorogation du mandat des députés. Il a dit à cet effet que s’il est vrai qu’il peut comprendre les causes évoquées par le président de la République, il ne comprendrait pas que les mêmes raisons ne soient pas évoquées pour que les élections régionales soient reportées. Il serait inadmissible, soutient-il, que les mêmes conseillers municipaux votent deux fois les conseillers régionaux. Selon lui, il s’agit de la violation du libre choix des électeurs, un coup sévère à la démocratie du pays.
Il attend donc que le président de la République prenne un décret pour prolonger aussi le mandat des conseillers municipaux. C’est pour cette raison qu’il a précisé que son parti ne votera pas en faveur de cette loi. Dans la foulée, il énumère le projet de la loi sur les archives, la première au Cameroun ; celle sur la flore et la faune qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Il y a donné sa satisfaction tout en précisant que certains aspects peuvent être améliorés car c’est une loi qu’on attend depuis 15 ans ; une ordonnance de ratification sur la loi de Finances. Cette ordonnance suscite l’inquiétude du leader du Sdf car, soutient-il, chaque année, il en va toujours ainsi.
Le projet de loi de Finances n’est pas véritablement discuté en plénière, car il est demandé aux députés soit de la voter dans son ensemble, soit de ne pas le faire. Il n’y a pas lieu de déplacer la moindre virgule, c’est pour cela que le président est obligé d’apporter des correctifs à travers des ordonnances chaque année. Il a par ailleurs confié à la presse que le Sdf a déposé sur la table des députés 4 propositions de loi.
Il s’agit des textes auxquels l’Assemblée n’a pas donné suite, mais que le parti remet sur la table. Il a cité la proposition de loi portant modification du code du travail ; la proposition de loi portant abolition de la peine de la mort ou celle portant sur la double nationalité entre autres.