Par Eric Boniface Tchouakeu
En dehors d’indiquer que les sénateurs nommés doivent être âgés d’au moins 40 ans révolus et provenir des 10 régions du pays à raison de trois par région, la loi fondamentale laisse l’entière latitude au Chef de l’Etat pour opérer son casting.
Ainsi, Paul Biya a choisi 30 hommes et femmes appartenant à sept (07) formations politiques pour la troisième législature du Sénat. 24 sont issus des rangs de son parti politique, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) qui avait déjà remporté la totalité des 70 sièges en jeu lors des élections sénatoriales. Parmi les 24 nommés du RDPC, figurent le Président et le Premier Vice-Président sortant du Sénat, Marcel Niat Njifenji et Aboubakary Abdoulaye, mais aussi deux fils d’anciens sénateurs qui étaient des chefs traditionnels, décédés en cours de mandat à savoir Seidou Mbombo Njoya, ancien Président de la Fédération Camerounaise de Football et fils du Sultan Roi des Bamoun, Ibrahim Mbombo Njoya et Nfon Ekoko Mukete, fils de Nfon Victor Mukete, ancien Doyen d’âge du Sénat.
Les six (06) autres postes restants ont été attribués à autant de formation politique à raison d’un siège pour chacune des organisations.
Il s’agit précisément des partis alliés du parti au pouvoir suivant : l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp), l’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Andp), le Front pour le Salut National du Cameroun (Fsnc),le Mouvement Démocratique pour la Défense de la République (Mdr) et l’Union des Populations du Cameroun (Upc).
Le dernier siège a été accordé au Social Democratic Front (Sdf), qui a pendant une trentaine d’années, été la principale formation politique de l’opposition. En absence de prise de parole du sénateur nommé, Vanigansen Mochiggle ou de son parti politique, on ignore si le Sdf a décidé de rejoindre la majorité présidentielle ou s’il reste dans l’opposition.
Secoué par une grave crise interne, la nomination d’un membre de ce parti , même s’il est un sénateur sortant élu lors de la deuxième législature dans la région du Nord-Ouest, risque de porter un autre coup dur à l’organisation relativement à sa perception par l’opinion.
Plus globalement avec 94 sièges sur 100,le Rdpc est assuré de garder sa main mise sur le Sénat et plus largement sur le pouvoir législatif, puisqu’il totalise déjà plus de 2/3 de sièges à l’Assemblée Nationale, au moins jusqu’aux prochaines législatives.
L’enjeu est maintenant de savoir si le Président sortant et son Premier Vice-Président seront reconduits dans leurs fonctions dans la nouvelle législature.
Il est en effet important de relever que le Président du Sénat, et en cas d’empêchement de ce dernier, un de ses adjoints suivant l’ordre de préséance, assure l’intérim à la Présidence de la République en de vacance du pouvoir. Un tel scénario ne s »est cependant jamais produit.