Par Léopold DASSI NDJIDJOU
La loi électorale accorde 10 jours au président de la République pour désigner les 30 sénateurs qui accompagneront les 70 autres élus a l’issue du scrutin du 12 mars dernier. Dans chaque région, il est appelé à nommer 3 sénateurs dont les critères relèvent de son pouvoir discrétionnaire. Autant avouer d’emblée,comme lors des deux premières mandatures, que “ces élus présidentiels” sont recrutés prioritairement dans les rangs des politiques avant tout et surtout dans ce qu’il est convenu d’appeler la mouvance présidentielle.
Dans cet exercice, Paul Biya s’arrange toujours a se réserver la part du lion, le menu fretin allant aux autres partis, qu’ils soient de la majorité gouvernementale ou pas. En 2013, à la première mandature, on avait compris que le chef de l’État avait bien voulu faire la passe au Sdf avant les urnes. Une frange importante de l’opinion estime que c’était à dessein si les listes du Rdpc avaient été invalidées à l’Ouest et dans l’Adamaoua. C’était pour céder les sièges au parti du Chairman comme l’attestent du reste avec une certaine rancœur encore vivante, grand nombre des cadres de l’Undp et de l’Udc La certitude est que le parti au pouvoir était allé si loin au point de demander à ses Conseillers municipaux de voter pour le Sdf. Acte! Les autres partis quant à eux, recevaient par la suite après les résultats les miettes. Ainsi en 2013, parmi les 30, 26 appartemaient à la mouvance présidentielle (anciens ministres, hauts commis de l’Etat et chefs traditionnels). Les 4 sièges restants furent attribués à l’Undp (1), Mdr (1), Rencontre (1) et l’Andp (1). En 2018, à l’issue du scrutin du 25 mars 2018, c’est encore le Rdpc (63 élus) et le Sdf (7 élus) qui occuperont le devancée la scène. A l’heure de nommer les 30 sénateurs, Paul Biya nommé 24 dans ses rangs et distribue les 6 autres aux partis proches. L’Undp reçoit 2, le Fsnc (1), Ando (1), Mdr (1), Upc (1).
Le cas de l’Udc et de Niat
Au regard de la distribution des sièges depuis 2013, l’Udc est le seul parti présent dans les institutions nationales et locales qui n’a pas encore fait son entrée au Sénat. Avec 6 communes qu’il contrôle pleinement dans le Noun, 17 conseillers régionaux et 4 députés à l’Assemblée nationale, on se rend bien compte que le pouvoir discrétionnaire de Paul Biya ostracise ce parti. Alors qu’elle est présente à toutes les élections, l’opinion peine à comprendre cette volonté de mettre cette formation politique en quarantaine du Sénat. La présidente nationale de l’Union démocratique du Cameroun, Patricia Tomaïno Ndam Njoya, récemment indiquait que son parti était prêt d’assumer ses responsabilités au Sénat, conformément à ce que dit la loi. L’Udc, comprenait-on, n’était pas dans une posture de mendicité politique, mais s’étonnait d’être présente dans les collectivités territoriales décentralisées et ne pas être au sénat qui représente ces Collectivités.
D’ailleurs au sein de ce parti politique, la question est au cœur des préoccupations.
” Beauoup y vont avant de se demander ce qu’ils vont y faire mais nous y allons conscients de toute la dimension du travail qui nous y attend”.
lançait récemment le directeur de campagne de cette formation politique au cours des sénatoriales.
Le décret de nomination des 30 sénateurs dira à suffisance si le chef de l’État partage cette détermination de faire bouger les lignes au Sénat. La seconde préoccupation est la question de savoir si Marcel Niat Njifenji sera à nouveau nommé. Si tel est le cas, cela sera un signal fort que Paul Biya tient à le reconduire au perchoir. Personne n’imagine un Niat assis comme simple sénateur après deux mandatures à la tête de la Chambre. Visiblement, tout indique qu’il sera nommé et reconduit à son poste. Paul Biya n’aime pas secouer l’échiquier, bousculer les pions. C’est dire qu’autant Cavaye Yeguie Djibril sera reconduit certainement cette semaine par ses collègues à la tête de l’Assemblée nationale autant Niat est sur cette même trajectoire. Le trio de tête semble se comprendre et surtout se faire confiance! Le pouvoir redouterait un jeune sénateur au somaet du sénat qui pourrait se découvrir des ambitions politiques et mettre tout le sérail à mal.
C’est en définitive, le choix du successeur constitutionnel de Paul Biya qui sera scruté par l’opinion, car au cas où la vacance ou l’empêchement définitif de la présidence seraient constatés , c’est bien celui-là qui assurerait l’intérim. On le sait déjà aussi, c’est un sénateur nommé qui sera aux commandes du Sénat. C’est ainsi le mode de d’évolution du pouvoir au président du Sénat au Cameroun. C’est ainsi vont les choses comme disait un inconditionnel du chef de l’État.