Par Eric Boniface Tchouakeu
La loi fondamentale prévoit que cet exercice se déroule chaque année au cours de la première session parlementaire. L’opinion attend naturellement de savoir si Marcel Niat Njifendi, 90 ans, Président du Sénat depuis la mise sur pied de l’institution en 2013, et Cavaye Yeguié Djibril, 84 ans, Président de l’Assemblée nationale depuis 1992, seront reconduits dans leurs fonctions. Des graves problèmes de gouvernance mettant en cause l’actuel Président de l’Assemblée nationale et son entourage, ont été constatés à la chambre basse du Parlement durant les derniers mois. Cette situation a accentué la méfiance, voire des inimitiés entre le Président et son entourage d’un côté, et de l’autre, certains membres du Bureau de l’Assemblée nationale, au rang desquels au moins un des Vice-Présidents et les Questeurs.
Par ailleurs, d’un point de vue personnel, Cavaye Yeguié Djibril, Chef de la Délégation régionale permanente du Comité Central du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), dans la région de l’Extrême-Nord, qui voulait organiser le 14 février 2024 à Maroua, un forum sur « la lutte contre la famine » dans les trois régions septentrionales du Cameroun, s’est heurté au refus de la Présidence de la République. Du côté du Sénat, l’intérêt porte sur la capacité de l’actuel Président de la Chambre haute, à diriger l’institution en dépit du poids de l’âge. Malgré ce qui pourrait apparaître pour les deux personnalités comme obstacles, les Chefs sortant des deux chambres du Parlement pourraient être reconduits dans leurs fonctions respectives. Dans la pratique politique camerounaise, la décision revient prioritairement au Président de la République, Paul Biya, Président National du Rdpc, et la validation ensuite aux parlementaires du parti au pouvoir, ultra majoritaire dans les deux chambres du Parlement.
Si le calendrier électoral est respecté, ce sera la dernière élection des membres du Bureau de l’Assemblée nationale de la présente législature au mois de mars 2024, car de nouvelles législatives doivent en théorie être organisées au premier trimestre 2025 ; les députés étant élus pour un mandat de cinq (05) ans. A moins d’une grosse surprise, on voit donc mal comment le Président Paul Biya pourrait opérer des changements significatifs à un an des élections législatives, relativement à la constitution du Bureau de l’Assemblée nationale. Durant ses 42 années passées à la tête du Cameroun, il n’a jamais changé de Président de l’Assemblée nationale en cours de législature. On devrait donc sur cette base dans les prochains jours, s’attendre au statu quo à la tête des deux chambres du Parlement, à moins que Paul Biya ne décide d’opter pour une nouvelle redistribution des cartes sur au plan ethnique, ou un simple changement de personnes à la tête des institutions parlementaires, comme le pensent certains.