Par Serge Aimé BIKOI
“Nous sommes contents parce que les patrons de la société ont dit, à l’unanimité, que nous sommes sur la bonne voie. Nous ne pouvons que promettre faire encore plus et mieux pour s’assurer que 2024 soit aussi bien que 2023. Donc vous avez vu ils sont venus de partout ils nous encouragent malgré les bruits dans les réseaux sociaux qui ne représentent rien, leur bénédiction nous donne la force de continuer à forger et je pense que les meilleurs jours sont à venir”.
C’est l’argument défendu par Francis Ateh Bazore, le président du conseil d’administration de la Société nationale camerounaise de l’art musical (Sonacam) au sortir de l’assemblée générale ordinaire. Contrairement à la thèse largement répandue sur les réseaux sociaux ces derniers temps, thèse selon laquelle les têtes devaient être coupées, aucune tête n’a été esquintée, aucun règlement de compte n’a été fait. Aucun artiste stagiaire, sociétaire ou membre élu de la Sonacam n’a été exclu des travaux.
Néanmoins, le président du conseil d’administration de cette entité de gestion collective de droit d’auteur et le président du conseil de surveillance ont fait état de ce que des cas de détournements de fonds ont été constatés, mais des enquêtes sont en cours pour établir, au moment opportun, les responsabilités des uns et des autres. Par conséquent, ceux et celles qui seront reconnus coupables seront sanctionnés conformément à la réglementation en vigueur. Sous réserve des poursuites judiciaires diligentées à leur encontre.
L’un des moments forts de cette assemblée générale est celui lié à la prise de parole du Pca qui a scandé l’hymne d’une Sonacam forte. Pour Ateh Bazore,
“aucune société ne se construit dans l’anarchie. Nous devons faire de la Sonacam une société forte”.
Le patron du conseil d’administration dénonce les basses manœuvres des acteurs mafieux qui ont continué à écrire aux usagers leur demandant de ne pas payer à la Sonacam. Pourtant, cette société de gestion collective du droit d’auteur a réussi, indique-t-il, à faire au moins deux répartitions par an.
Toute chose appréciée par des artistes-musiciens massés sous des chapiteaux. Le président de la Commission de contrôle des organismes de gestion collective (Ccogc), Théophile Eyango, a, lui aussi, pourfendu ce qu’il appelle “les artistes des réseaux sociaux”. Il fait un constat alarmant selon lequel le monde de l’art musical est, aujourd’hui, pris en tenaille par des imposteurs.
“Certains étaient des coiffeurs auparavant, mais aujourd’hui ils sont devenus des artistes. D’autres étaient des mécaniciens, mais ils sont devenus aujourd’hui des artistes. Plus grave, ils sont devenus des artistes des réseaux sociaux qui insultent, invectivent et ternissent l’image de la Sonacam”.
Au sujet du rapport du commissaire aux comptes, qui relève le fait que la Sonacam a une dette de 115 millions de Fcfa, Ateh Bazor répond :
“vous savez nous parlons des comptes 2022. Je dis qu’il ne faut pas s’appesantir sur le négatif. C’est l’idée d’avoir un commissaire aux comptes qui regarde la gestion. Et nous sommes à l’école. Nous allons prendre en compte les observations. Ça prouve qu’on n’avait pas triché en emmenant quelqu’un qui va nous donner du lait. Si on emmène quelqu’un pour le faire, on ne va jamais avancer. Donc, c’est une très bonne chose qu’il a faite pour que la direction générale puisse améliorer sa politique et ses méthodes de gestion. Le conseil sera, désormais, un peu plus regardant et va aussi demander l’accompagnement de ce commissaire aux comptes ou des experts pour permettre à la Sonacam de devenir une société forte”.
Le patron du conseil d’administration se réjouit aussi des projets de loi débattus et adoptés, ces derniers jours, à l’assemblée nationale concernant les artistes. Ateh Bazore avait, en effet, entrepris des démarches pour la ratification des Accords de Rome par le Cameroun. C’est à la faveur des desdites conventions internationales que les artistes camerounais bénéficieront désormais des revenus issus des plateformes numériques.
“Il s’agit, précise Ateh Bazore, des lois qui ont été débattues et adoptées hier (13 juin 2024) à l’assemblée nationale. Ce sont des lois sur lesquelles on travaille depuis trois ans. Ce sont les conventions internationales qui vont permettre aux artistes camerounais de bénéficier de leur présence dans les plateformes numériques parce que que par le passé, il fallait passer par une agence étrangère des pays qui ont ratifié ces conventions. Aujourd’hui, la Sonacam va créer un département de perception en ligne qui permettra à tous les artistes camerounais qui sont présents sur les différentes plateformes (YouTube, Facebook, etc), même les influenceur/ses pourront venir à la Sonacam sachant que leurs vues seront comptabilisés. Donc c’est historique ce qui arrive grâce au travail que la Sonacam et le ministère des Relations extérieures (Minrex) ont fait pour donner une autre niche de recettes aux sociétés de gestion collective”.
La figure de proue du conseil d’administration de la Sonacam a, dans la même veine, présenté la maquette du palais de la musique, où sera logé le siège social définitif de cette société de gestion collective à Yaoundé au quartier Ntaba dans l’arrondissement de Yaoundé 1er. Deux autres palais de la musique sont prévus sur les terrains de l’Etat par la Sonacam à New-Bell dans l’arrondissement de Douala 2 et à l’ancien stade municipal à Bamenda. C’est un projet d’un coût global de 53 milliards de Fcfa financé par Eximbank.
