Par Léopold DASSI NDJIDJOU
«L’objectif de l’émergence doit être érigé en grande cause nationale qui mobilise l’ensemble de nos concitoyens afin de faire du Cameroun un pays moderne et socialement avancé », déclarait Paul Biya dans sa ferme volonté de sortir son pays de la spirale du sous-développement qui tient tout un continent en respect. Avec la mise sur pied de son bréviaire, le Snd 20-30, pour éradiquer ce mal, le pays a-t-il vraiment tenu compte de l’éthique, de la moralité qui doit animer, tenir liée tous les acteurs de cette cause nationale ? Là est toute la problématique, l’émergence comme cause nationale n’ayant pas encore pris la mayonnaise tant parfois au sommet qu’à la base.
Le cas de ce cadre du parti au pouvoir qui se retrouve encore au-devant de la scène après la case prison remet à l’ordre du jour la place de l’éthique ou de la morale dans le processus obligatoire et irréversible du Cameroun vers son industrialisation. Ceci pour dire qu’il faudrait des femmes et des hommes à la moralité éprouvée pour mettre en musique les attentes nationales. Une faille dans cette exigence risque d’être fort préjudiciable à cette volonté ou cette aspiration nationale. Pourtant, à travers le monde, le Cameroun observe le vent nouveau qui souffle au sein des Etats dits sérieux.
En Grande Bretagne, avons-nous compris la rapidité avec laquelle les Britanniques se sont défaits de Boris Johnson tout simplement parce qu’il avait organisé une « party » avec des amis en pleine période du Covid-19 ? Comprenons-nous la diligence avec laquelle les Chinois punissent de peine de mort toute forme d’atteinte à la fortune publique ? Qui oublie le puritanisme américain qui ne s’encombre de quelconque écart de conduite et de comportement quand on gère les affaires publiques ? Il en est allé de même pour les quatre Dragons d’Asie qui ont pris leur envol le siècle dernier : la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan. Aujourd’hui, toujours dans cette partie du monde, il y a l’avènement des nouveaux Tigres asiatiques, une expression qui concerne la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, le Viêt-Nam et les Philippines.
Il y a là une urgence pour le pays de Paul Biya d’accorder une tolérance zéro face à toute forfaiture ou atteinte à la fortune publique. Ramener au premier rang ceux qui ont confondu hier les biens publics avec les biens privés pourrait être un sacré frein à la construction de cette décence nationale qui conduit à l’émergence. Les Saintes Ecritures dans cet ordre sont plus que précises. « Personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement, le vin nouveau fait rompre les outres, il se répand, et les outres sont perdues », le lit-on au 35ème verset du chapitre cinquième du Livre de Luc.
L’émergence du Cameroun ne doit pas hésiter sur le choix des hommes intègres et convaincus pour se démarquer dans le concert des Nations. Cette obligation-là ne s’accommode pas à quelque forme de procrastination car il s’agit d’une cause nationale.