Par Serge Aimé Bikoi
Volonté de s’affirmer ou de se rebeller ? Pour quelles raisons les adolescents sont-ils atteints par la fièvre de marquage corporel? Pour tenter de comprendre ce phénomène social, nous sommes allés à la rencontre de quelques adeptes.
Se faire percer les lèvres, le nez, le nombril ou la langue pour y placer un bijou corporel est en vogue au Cameroun. La raison qui pousse les jeunes à mettre en pratique ces ornements n’est autre que la mode.
“Cela ne me dérange pas vu que les piercings sont à la mode et je me sens à l’aise avec tous ces piercings. Même comme certaines personnes disent déjà que je ressemble à une passoire, mais je m’en fou”.
C’est à 15 ans que Manuella fait son premier piercing. Elle en a déjà cinq et ne pense pas s’arrêter là.
Au Cameroun, nombreux s’érigent en personnes tatoueuses. Aiguille en mains devant un miroir, elle réalise son opération.
“Je ne vois pas trop à quoi ça me sert peut-être d’aller gaspiller mon argent en allant dans un hôpital ou dans une boutique pour me faire un piercing alors que moi-même je peux bien le faire. C’est comme ça que moi-même j’ai pris une chaise et un grand miroir. J’avais stérilisé une aiguille. Malgré la douleur, je supportais“.
Parfois aperçus sur des parties sensibles du corps humain, qui sont simples ou élaborés, les choix des dessins sont très révélateurs des personnalités ou des histoires de chacun(e). Ils montrent ce à quoi les gens tiennent davantage: un moment de vie; un parent décédé ou un animal de compagnie qui les a quittés.
“Mon tatouage est inspiré de mon arrière-grand-mère, qui avait les dessins de son nom sur les bras. Donc,en grandissant, j’ai toujours rêvé de le faire. Mon motif, c’est sur l’épaule. Ça parle du Ying et du Yang, donc du bien et du mal”.
Symbole de déclaration d’amour, le tatouage est perçu de cette façon. Pour Balbine Archange, qui grave le prénom de son conjoint sur sa peau.
“Depuis l’âge de 17 ans, je me suis tatouée en marquant le nom de mon petit ami; il s’appellait Franck. Je l’ai fait sur le sein parce que c’était la partie qu’il aimait le plus sur moi; c’est la partie qui le faisait le plus vibrer quoi… Quand il voyait ça, ça le faisait plus vibrer. C’est pourquoi je l’ai fait. Maintenant aujourd’hui, c’est fini entre lui et moi et je regrette d’avoir fait ce tatouage”.
Des décisions que bien de personnes regrettent plus tard, car dans le monde du travail, il est compliqué de porter les tatouages.
“Moi je regrette de l’avoir fait parce que ce sont des erreurs de jeunesse. Mais, c’est quelque chose que l’on ne peut plus effacer“.
Tatouages et piercings parfois incompris sont, avant tout, une démarche et un plaisir personnel selon les adeptes.
