Par Boris Ngounou
Dans une tribune de plusieurs pages publiée samedi, le président du Mrc dénonce l’ignorance des lois et les abus de pouvoir de Paul Atanga Nji.
« Le Cameroun n’a pas besoin d’un ministère de l’agitation, de l’injure et de la fanfaronnade »
a déclaré le leader politique.
Dans un communiqué aux allures incisives, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), accuse le ministre, de transformer son département en ministère de l’agitation, de l’injure et de la fanfaronnade.
Maurice Kamto critique sévèrement Paul Atanga Nji pour sa gestion du ministère, autrefois respecté pour sa discrétion et sa compétence. Il reproche au ministre son ignorance des lois régissant les libertés publiques, rappelant que, selon la loi n° 90/055 du 19 décembre 1990, les réunions publiques sont libres et ne nécessitent qu’une déclaration préalable, et non une autorisation. Kamto dénonce également les méthodes répressives du ministre, citant des arrestations arbitraires et des condamnations lourdes de militants du Mrc lors de manifestations pacifiques.
La réaction de Kamto fait suite aux déclarations du ministre Atanga Nji, publiées le 23 mai dernier, où il menaçait les leaders de l’opposition Cabral Libii et lui-même. Atanga Nji a accusé Cabral Libii de tenir des propos désobligeants envers le président Paul Biya et a averti le député de cesser immédiatement. Le ministre a également critiqué Maurice Kamto pour avoir utilisé des formules réservées au chef de l’État dans ses discours. Le patron de la préfectorale précise en effet que la formule « Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes » est réservée au Chef de l’État.
Cela dit, il convient de noter que ces échanges verbaux surviennent dans un contexte de forte tension politique au Cameroun. La célébration de la fête nationale a été marquée par des incidents impliquant les militants du Mrc, qui ont été réprimés lors de défilés autorisés par les sous-préfets. Toutechose que Maurice Kamto n’a pas manqué de dénoncer dans le cadre de sa réaction ferme. Il accuse le gouvernement de confisquer les célébrations et de commettre des exactions contre ses partisans.
L’homme politique rappelle aussi les événements de septembre 2020, où des militants du Mrc ont été arrêtés et torturés lors d’une manifestation pacifique. Il souligne que ces arrestations étaient basées sur un message-fax du ministre Atanga Nji, et non sur une interdiction officielle des sous-préfets.
Au demeurant, Maurice Kamto affirme que le Mrc reste attaché à la paix. Il avertit Cependant que son parti ne tolérera plus la violence, qu’elle vienne du parti au pouvoir, le Rdpc ou des services de l’État. Selon lui, le respect des lois et l’organisation d’élections libres et transparentes sont essentiels pour la paix au Cameroun. Il appelle également à des réformes électorales, bloquées depuis plus de dix ans par le régime en place.
Soulignons que ce conflit, cette guerre verbale entre le gouvernement et les partis d’opposition, traduit des défis croissants pour la démocratie et les libertés publiques au Cameroun. Les prochains mois s’annoncent donc déterminants pour l’avenir politique du pays, alors que les partis d’opposition continuent de mobiliser leurs partisans face à un régime de plus en plus autoritaire.
