Par Arlette Akoumou Nga
Enangue Holding, le gestionnaire de la flotte des véhicules qui utilise la plateforme russe au Cameroun, et des leaders des syndicats du secteur du transport urbain ont signé un accord de partenariat le 15 février dont nous avons obtenu copie. D’une durée de cinq ans renouvelable, il vise « la modernisation de l’offre de transport urbain sécurisé par taxi ou véhicule de transport avec chauffeur (Vtc) via la plateforme Yango ».
Concrètement, Enangue Holding s’engage « à soutenir les syndicats et le gouvernement camerounais dans la promotion de la prévention et la sécurité routière de même que dans la lutte contre le transport clandestin et l’insécurité au Cameroun » ; « à enregistrer dans la plateforme uniquement des véhicules et des chauffeurs disposant des documents conforment à la législation en vigueur » ; « à former et apporter tout le support technique et organisationnel à l’organisation syndicale des chauffeurs », « à verser une prime de formation pour chaque chauffeur après formation au Hub »… En retour, les organisations syndicales des chauffeurs ont notamment pris l’engagement de « se rendre disponible pour un soutien organisationnel et opérationnel », « à soutenir l’implantation de Yango au Cameroun ».
Par ailleurs, les parties ont décidé de « collaborer pour le renouvellement progressif des taxis » ; « obtenir au profit des organisations syndicales si possibles des subventions de la part du gouvernement camerounais pour la contribution à la réduction des gaz à effet de serre » ; « collaborer avec le gouvernement pour la promotion du gaz naturel pour véhicule (Gnv) en concurrence avec les carburants classiques ».
« Le financement des activités listées dans le cadre du présent accord de partenariat se fera selon un système de commission prélevée sur le chiffre d’affaires généré par les membres du syndicat inscrit dans la flotte créée par Enangue Holding au profit du syndicat », précise l’article 6. Selon le même article, « Enangue Holding versera mensuellement au syndicat un montant global correspondant ». Ce montant est défini dans un document annexe dont nous n’avons pas eu accès.
Un allié de poids pour obtenir la levée de la suspension
Cet accord est considéré comme une victoire pour les syndicalistes, qui se sont engagés à obtenir la levée de la suspension des activités de Yango auprès du ministre des Transports. Cette suspension date du 6 février dernier. Quelques jours avant, les syndicalistes, qui rencontraient le gouvernement pour une concertation après la hausse des prix à la pompe, avaient demandé l’augmentation des tarifs de taxi et la suspension des activités de Yango au motif que cette application favorisait le transport clandestin. Pour les syndicalistes, la décision prise par le ministre des Transports, Jean Ernest Ngallé Bibéhè, quelques jours plus tard n’est rien d’autre qu’une réponse à leur doléance.
Depuis longtemps, les taximen accusent Yango de leur mener une « concurrence déloyale ». Pour cause, cette entreprise s’est toujours gardée d’exiger aux chauffeurs qui utilisent son application de se conformer aux règles locales en matière de transport, comme l’explique Patrice Samen, le président de la faîtière des syndicats du secteur du transport urbain. C’est pourquoi les syndicalistes l’accusaient de favoriser le transport clandestin.
« Nous voulons travailler avec les partenaires sociaux dans un cadre de gagnant-gagnant pour essayer de contribuer à l’amélioration de l’écosystème de transport au Cameroun ».
a fait savoir Rachid Moulay El Rhazi, responsable des relations avec le gouvernement de cette plateforme russe.
« On a besoin que le transport par taxi de ville se modernise. Les syndicats ne s’opposent donc pas à Yango. Nous veillons seulement que tout le monde soit en règle, que les lois sur le transport public au Cameroun soient respectées ».
a précisé Patrice Samen.
Yango ne cache pas ses ambitions au Cameroun, que cette entreprise présente comme « un pays à fort potentiel ». La plateforme est actuellement engagée dans une période d’investissements censée moderniser le secteur du transport urbain. Ce plan a malheureusement buté sur les nombreuses divergences avec les syndicats de transport. Yango espère avoir quitté cette zone de turbulence. Rachid Moulay El Rhazi confie d’ailleurs que la suspension va certainement être levée dans les prochains jours.
