Accueil SociétéAfrique Cameroun | Transports: L’improbable libération des emprises de l’aéroport de Douala

Cameroun | Transports: L’improbable libération des emprises de l’aéroport de Douala

Plusieurs occupants du site, aujourd’hui qualifiés d’illégaux, affirment s’acquitter de leur loyer auprès de Adc, alors que d’autres brandissent des titres de propriété à eux octroyés par le Mindcaf.

Par panorama papers
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Par Mon’Esse

Les autorités camerounaises devraient bientôt se retrouver face à un imbroglio, dans leur détermination à déguerpir les occupants des emprises de l’aéroport international de la métropole économique, Douala.
Le 30 novembre, le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, répercutant les instructions du chef de l’Etat, Paul Biya, demande au ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf), Henri Eyebe Ayissi, d’annuler tous les titres fonciers situés à l’intérieur du domaine de l’aéroport de Douala et d’en rendre compte.

De même, le Mindcaf devra «veiller désormais, à la préservation de l’intégrité des terrains de tous les aéroports sur l’ensemble du territoire national».
Le 20 juin 2018, lors d’un séminaire de sensibilisation sur la préservation des réserves foncières de l’aéroport international de Douala et les contraintes de construction dans son voisinage, l’on apprenait qu’environ 400 hectares de terres, appartenant à ladite place, étaient illégalement occupés par des familles y ayant bâti des maisons d’habitation.
Organisée par l’Autorité aéronautique civile (Ccaa), ladite rencontre s’inscrivait dans le cadre de la restauration des plus de 1200 hectares de la plateforme, progressivement envahies par les populations.

Ce phénomène limite le trafic aérien particulièrement à Douala, principale porte d’entrée du Cameroun où les aéronefs doivent parfois faire la queue pour utiliser la seule piste d’atterrissage disponible, sur les deux, l’autre étant amputée d’un rendu inexploitable du fait de la proximité de bâtiments de particuliers.

Depuis 2016, la Ccaa a engagé une stratégie de sécurisation physique et juridique des domaines aéroportuaires du Cameroun, à travers la reconstitution des limites des domaines aéroportuaires avec la pose des bornes géantes sur leur pourtour, la prise d’ordres administratifs d’arrêts des travaux de construction engagés dans les domaines aéroportuaires, le déguerpissement des populations et la destruction des constructions installées sur des sites présentant un risque pour la sécurité et la sûreté de l’aviation civile.

Dans le même registre, figure aussi l’annulation de titres fonciers irrégulièrement délivrés à certains individus dans les domaines aéroportuaires, le renforcement des clôtures, le déploiement d’agents opérationnels de sûreté pour la réalisation de patrouilles autour du domaine de certains aéroports, l’organisation de séminaires de sensibilisation sur la préservation des réserves foncières des domaines aéroportuaires et les contraintes de construction dans leur voisinage.

A Douala, toutes ces démarches semblent toutefois inefficaces du fait, selon une source proche du dossier, de l’attentisme des autorités compétentes.
En mi-août 2012, le Mindcaf a procédé à une opération de recensement du patrimoine de l’Etat, avec en bonne place la concession faite par l’Etat à Aéroports du Cameroun (Adc) sur le site de l’ancien aéroport international de Douala.

Selon la convention de concession établie en 1994, Adc «s’engage, pendant la période de concession à gérer, exploiter, renouveler et développer aux meilleurs conditions possibles de coût et de qualité de service, les terrains, ouvrages, bâtiments, installations, équipements, matériels, services».
En 2010, l’Etat du Cameroun attribuait à une famille, en compensation de son expropriation pour la construction l’aéroport international de Douala, une parcelle de quelque 15 hectares sur la parcelle gérée par Adc sur le site de l’ancien aéroport. Le concessionnaire pouvait concéder le reste de l’espace, évalué à plus de 20 hectares, en location à des entreprises pour des locations à court et long terme.

Pourtant, au même moment et sur le même site, l’Etat, à travers le Mindcaf, s’était mis à en vendre des lots à des particuliers. En avril 2009, par exemple, ledit département, pour un montant cumulé de 21 million de francs, avait vendu des lots sur près de 2000m2 à Kadji Tchuégoue et à Ngankam Denis. Il leur avait été délivré des titres fonciers en bonne et due forme, ainsi que des certificats de propriété.
D’autre part, Adc, pour une surface identique, signait une convention de concession et d’exploitation avec la Société de traitement et de distribution des hydrocarbures (Sotradhy), en vue de la construction d’une station-service. Mais le juge des référés avait fini par donner raison aux détenteurs de titres fonciers dudit site, et sommé le nouvel acquéreur d’interrompre ses travaux.
Sur le terrain, les locataires interrogés affirment soit s’acquitter régulièrement de leurs obligations auprès de leur bailleur, Adc, ou alors disposer de titres de propriété en bonne et due forme à eux délivrés par le Mindcaf, le même à qui il est aujourd’hui demandé de déguerpir des occupants qualifiés d’illégaux.

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