Par Serge Aimé Bikoi
L’ancien patron de la Crtv et l’ex-Minfi, tous les deux coaccusés, sont astreints à réparer, pour le préjudice moral, le montant de 32 millions de Fcfa et à rembourser, solidairement, le montant détourné.
Une autre coaccusée, Antoinette Meyo, alors Directrice de la Cameroon marketing agency and communication (Cmca), a été, à la différence, acquittée parce qu’elle était poursuivie en coaction avec l’ancien Directeur général de la Crtv (Cameroon radio and television) pour le détournement de deniers publics de la somme de 200.000 Fcfa.
La Crtv et le ministère des Finances (Minfi), constitués partie civile au procès, demandent la perception des montants détournés. Comme pour le cas de l’ancien patron de l’Office de radiodiffusion nationale, la défense de Polycarpe Abah Abah a décrié les irrégularités, à l’instar de l’exception relative au non-respect des délais. En effet, les avocats de l’ancien ministre des Finances (Minfi) ont, par exemple, soulevé la question de la prescription en matière pénale pour matérialiser le fait qu’il y a un délai au-delà duquel l’on ne peut poursuivre plus un accusé. Il s’agit d’un délai qui va au-delà de 10 ans, Abah Abah ayant déjà passé 14 ans en détention à la prison centrale de Yaoundé.
En réponse à cette exception, le Tribunal criminel spécial (Tcs) a fait, ex-cathedra, une lecture doctrinale mentionnant que le délai qui court n’est pas opportun. Aussi la défense a-t-elle soulevé une exception ayant trait au fait que l’un des pans de l’affaire Abah Abah, entremêlé, aujourd’hui, à l’affaire en coaction avec l’ex-Dg de la Crtv, avait été, par le passé, évoqué relativement au procès dans lequel était impliqué feu Gervais Mendo Ze, lui aussi ancien Directeur général de la Crtv jusqu’en 2005.
C’est la 3ème condamnation qui est infligée à P. Abah Abah. L’ancien patron des impôts avait été condamné, pour la deuxième fois, à 25 ans d’emprisonnement ferme le 13 janvier 2015. Il avait été reconnu coupable de détournement de plus de six milliards de Fcfa au moment où il occupait les fonctions de Directeur des impôts au ministère des Finances (Minfi) entre 1998 et 2004. Abah Abah avait été, pour la première fois, condamné à six ans de prison ferme le 19 juin 2012 pour “évasion aggravée”. L’ex-Minfi avait été reconnu coupable de délit d’évasion aggravée et condamné, en l’absence de ses avocats, à 6 ans de prison ferme par le Tribunal de première instance (Tpi) d’Ekounou siégeant dans le cadre de la procédure de flagrant délit. Cette peine à, d’ailleurs, été purgée par cette personnalité publique.