Par Paul Tcheck
Près de 7 mois après la coupe d’Afrique des Nations de football organisée par le Cameroun, les véhicules acquis par l’Etat pour le transport des équipes nationales et des officiels, continuent de nourrir la polémique. Le point d’achoppement le plus récent est celui en rapport avec l’identité du véritable propriétaire desdits véhicules. Le gouvernement les a-t-il achetés? Ou alors s’agit-il d’un contrat de location passé entre l’Etat et une entreprise privée? Au ministère des Transports, on laisse croire qu’il n’y a pas matière à polémiquer. Ernest Masséna Ngalle Bibehe, le chef de ce département ministériel, affirme mordicus que l’Etat du Cameroun a bel et bien sollicité les services d’un prestataire privé. Le gouvernement a d’ailleurs signé avec ce dernier, un contrat d’une durée de 59 jours, pour la location de 200 véhicules. Selon des sources bien introduites, cette initiative a coûté au contribuable camerounais près de 2 milliards de F (1,9 milliards de F).
Une fois le délai contractuel consommé, les voitures ont tout simplement été mises à la disposition du fournisseur.
«Au moment du lancement de la Can, le gouvernement de la République a signé un contrat de location de 59 jours avec un opérateur privé de logistique. Cette société a fait venir des bus que nous sommes allés accueillir. C’est un contrat de location. Après 59 jours, l’Etat n’a plus rien à voir là-dedans. L’opérateur fait ce qu’il veut de ses bus. On peut parler du coût, là c’est un autre problème. Mais de là à dire que c’est une opération qui a été montée. On aurait dû associer d’autres administrations parce que ce sont des biens de l’Etat, des biens publics, Non ! C’est un contrat de location. Il faut clore ce dossier».
a-t-il déclaré le 28 août 2022, sur les antennes de la télévision nationale.
Pour lever toute ambiguïté, le membre du gouvernement a également indiqué que l’Etat n’est ni de près, ni de loin concerné par une quelconque disparition ou détournement de véhicules ayant servi pour la Can. «Nous avons un contrat de location. 200 véhicules devaient être mis à notre disposition. 48 bus de gros porteurs pour les équipes et les officiels. Où sont- ils ? Qui en a bénéficié ? On n’en sait rien non plus. C’est l’opérateur qui peut mieux vous en parler. Ce ne sont pas des biens de l’Etat. Il faut être clair là-dessus» a-t-il ajouté.
En juillet 2022, le ministre en charge des Domaines, Henri Eyebe Ayissi, n’était pourtant pas de cet avis. Dans une correspondance ventilée sur les réseaux sociaux, il s’offusquait du fait que plus de 5 mois après la Can, Les véhicules acquis pour la compétition n’étaient toujours pas inscrits dans le patrimoine de l’État. Une situation qui selon lui, était contraire aux dispositions réglementaires en vigueur. A en croire ce dernier, les « matériels roulants acquis dans le cadre des projets nationaux au titre de soutien logistique sont impérativement immatriculés au parc automobile de l’État », pouvait-on lire dans sa correspondance. A l’époque, le membre du gouvernement avait d’ailleurs suggéré au Premier ministre de prescrire aux administrations utilisatrices de ces véhicules de se conformer à la réglementation en vigueur en ce qui concerne l’immatriculation des véhicules administratifs et même leur utilisation.