Par Serge Aimé Bikoi
Près d’une dizaine de promoteurs des produits éclaircissants et embellissants sont, eux aussi, épinglés par Manaouda Malachie suite à la sommation infligée, le 9 août 2022, à l’honorable Nourane Fotsing, députée Pcrn du Wouri-Est, et, par ailleurs, promotrice des boissons “embellissantes”. Cette élue de la nation est, d’ailleurs, depuis une décennie (elle l’a affirmé dans des posts récents), chef d’entreprise. C’est, en effet, la patronne des fabriques “Nourrishka”. Entre autres fabriques qu’elle détient.
Seulement, depuis que cette patronne d’entreprise est devenue députée de la nation à l’issue du double scrutin législatif et municipal de 2020, elle n’a pas, illico presto, opéré une distanciation avec l’exercice de ses activités pécuniaires, industrielles ou commerciales. Or, il est interdit à tout député (référence faite à l’article 163(2), “de faire ou de laisser suivre son nom de l’indication de sa qualité dans une publicité relative à une entreprise financière, industrielle ou commerciale”. Visiblement, cette jeune élue de la nation, sans être discrète, circonspecte, pondérée et cachée, a, visiblement, continué à faire non seulement la promotion des ingrédients de beauté de ses entreprises, mais aussi et a fortiori, elle a continué à tenir les rênes desdites structures en violation de la loi.
Alors, afin que nul ne l’ignore, tant quiconque n’est censé ignorer la loi, voici, in extenso, ce que dit le Code électoral et, singulièrement, la Loi no 2012/001 du 19 avril 2012 portant Code électoral modifiée et complétée par la loi no 2012/017 du 21 décembre 2012:
Chapitre III: Des incompatibilités
Article 162 (1): L’exercice du mandat de député à l’Assemblée nationale est incompatible avec les fonctions de membres du gouvernement ou assimilés, de membre du conseil constitutionnel et de membre du conseil économique et social.
(2): Le mandat de député est également incompatible avec celui de sénateur, avec les fonctions de maire, de délégué du gouvernement auprès d'une communauté urbaine (ce poste n'existe plus depuis l'adoption du Code général des Collectivités territoriales décentralisées(Ctd) en 2019-il est remplacé par celui de maire de la ville), de président du conseil régional, avec toute fonction publique non élective et avec les fonctions de président de chambre consulaire, de président du conseil d'administration ou de statut de salarié dans un établissement public ou une entreprise du secteur public et parapublic.
Article 163 (1): L’accession à l’une des fonctions visées à l’article 162 ci-dessus entraîne la vacance du poste de député.
(2): Il est interdit à tout député de faire ou de laisser suivre son nom de l'indication de sa qualité dans une publicité relative à une entreprise financière, industrielle ou commerciale.
En réalité, l’honorable Nourane Fotsing est concernée par l’article 163(2) du Code électoral. L’élue Pcrn continue de mener, sereinement, ses activités commerciales en arborant, fièrement, sa qualité de chef d’entreprise et de promotrice des différents produits de beauté et boissons “embellissantes”. Sans conteste, cette députée de la nation a, de manière flagrante et manifeste, violé la loi et, spécifiquement, le code électoral du 19 avril 2012 modifié et complété par la loi du 21 décembre 2012. Cette femme politique aurait dû faire preuve de discrétion (la maxime “Vivre heureux et vivre caché vaut, ici, son pesant d’or), mieux elle aurait dû, depuis l’entame de sa mandature de parlementaire dès 2020, démissionner de son statut de chef d’entreprise. Question de céder cette fonction de décision ou cette qualité à un(e) autre manager, mais visiblement, elle est restée la patronne de ses fabriques. Toute chose qui la cloue, aujourd’hui, au piloris. En réalité, si l’honorable Nourane Fotsing avait passé le témoin à son époux, Sieur Fotsing, ou à tout autre ayant-droit susceptible de gérer, de contrôler et de réguler ses entreprises commerciales, financières, etc, il n’y aurait aucun souci avec la loi. Le ministre de la Santé publique(Minsanté) aurait, ipso facto, adressé les récentes correspondances à la remplaçante ou au substitut de cette dernière. Mais comme cette entrepreneure économique continue de présider aux destinées de ses entreprises au mépris de la loi, Manaouda Malachie s’est, directement, adressé à cette dernière en tant que gestionnaire et promotrice des produits de beauté et boissons “embellissantes”. Sans vergogne et sans fards, cette élue de la nation est prise en tenaille par la loi. Respectons les lois de la République !
Cas non exhaustifs des élus de la nation ayant évité ces incompatibilités depuis l’entame de la mandature 2020-2025
Sans prétention à l’exhaustivité, il y a une brochette de cas de députés et de maires ayant décidé, depuis 2020, soit de ne plus occuper une fonction publique non élective parce que étant élu, soit de ne plus continuer de gérer une entreprise financière, industrielle ou commerciale, soit même de ne plus occuper, à la fois, le poste de maire et de traîner, par la même occasion, la qualité de député. A titre illustratif, Commençons par une dame !
- Patricia Tomaino Ndam Njoya, femme politique, avait été élue aussi bien députée Udc du Noun que maire de la commune de Foumban en 2020. Mais in extremis, la présidente nationale de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) a choisi d’être chef de l’exécutif municipal de la commune de Foumban tant elle avait abandonné la qualité de député. Poursuivons avec le cas des hommes!
- Pierre Kwemo avait été élu maire de la commune de Bafang et, parallèlement, il avait été élu député Ums du Haut-Nkam. Mais au dernier moment, le président national de l’Union des mouvements socialistes (Ums) a opté pour le statut de député de la nation.
- Jean-Baptiste Amvouna Atemengue avait été élu maire de la commune de Ngoumou en 2020. Mais pour exercer cette fonction, il a décidé de se conformer à la loi portant Code électoral, en se déchargeant de son prestigieux poste de Conseiller technique (Ct) du Directeur général (Dg) de la Campost(Cameroon postal services). Poste qu’il occupait depuis des années. Le président de la section Rdpc de Ngoumou- Nord a donc abandonné son statut de salarié dans un établissement public pour tenir les rênes de la mairie de cette ville située à la périphérie de Yaoundé.
- Engelbert Essomba Bengono, étant devenu député Rdpc de la Mefou- Akono, a, lui aussi, décidé de se décharger de son statut de salarié dans une administration publique, où il occupait, d’ailleurs, un poste de pouvoir et d’autorité. Il se consacre, aujourd’hui, au statut d’élu de la nation.
Il y a bien d’autres cas qui sont nombreux, dont nous pouvons faire évocation, mais nous avons, juste, voulu montrer que certains élus de la nation se conforment à la loi alors que d’autres la violent allègrement.