Par Julie Peh
Le gouvernement camerounais table sur un budget prévisionnel de 794 milliards de Fcfa pour construire la Voie de contournement de Yaoundé (Vcy). Pour lever ces fonds ; du moins une bonne partie de l’enveloppe, le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) a présidé à Yaoundé le 24 mai 2022, une table-ronde des bailleurs de fonds. Sauf que, environ deux ans après, excepté l’Union européenne qui a promis 33 milliards de Fcfa lors du 11ème Forum urbain mondial (Fum) à Katowice (Pologne) à fin juin 2022, les autres partenaires techniques et financiers trainent visiblement le pas. C’est pour atteindre le cap de 175 milliards de Fcfa nécessaires pour la première phase (T3) qui va de Nkozoa à l’autoroute Yaoundé –Douala, que le ministère de l’Habitat et développement urbain (Minhdu) n’exclut pas l’éventualité de l’organisation d’une deuxième table ronde de bailleurs de fonds.
En effet, Jean Marc Châtaigner, le tout nouveau chef de la délégation de l’UE au Cameroun a certes « rassuré sur la disponibilité de la moitié des fonds », au sortir d’une audience avec le Minhdu Célestine Ketcha Courtes le 4 janvier 2024 « mais le plaidoyer se poursuit auprès d’autres bailleurs », font savoir les sources proches du dossier. Pour, le moment l’on n’a pas encore de projections sur la tenue d’une éventuelle seconde table-ronde, il devient donc difficile d’espérer le lancement effectif du projet de la Vcy au cours de cette année 2024 à cause du manque de financement requis. Preuve que les prévisions du membre du gouvernement sont jusque-là restées dans l’utopie. « Le projet va se mettre en place d’ici 2023. Nous sommes en train de remplir les conditionnalités attendues des bailleurs pour démarrer le projet. La Déclaration d’utilité publique est disponible, la commission régionale des biens et des personnes impactées est à pied d’œuvre, avec l’implication personnelle du gouverneur du Centre », déclarait le Mindhu en mai 2022. Pourtant, « nous avions besoin de 150 milliards de Fcfa pour la première phase T3. Nous en sommes sortis avec 175 milliards d’engagements de la part des bailleurs de fonds. La Banque islamique de développement s’est prononcée à Katowice et dit être intéressée par le projet », rassurait-elle au sortir du Forum urbain mondial tenu du 26 au 30 juin 2022.
Des interrogations persistent pourtant sur la réticence des investisseurs à injecter de l’argent dans ce projet localisé au cœur de la capitale politique camerounaise alors que l’UE, chef de file dans la mobilisation des fonds, confirme sa rentabilité au regard des résultats de l’analyse économique. « Le projet de construction de la Voie de contournement de Yaoundé et des quatre pôles de développements urbains permettra de dégager des avantages économiques de l’ordre de 4 145 milliards et de générés essentiellement par le gain de temps (75 %), la réduction des coûts des d’exploitation des véhicules (14%), la plus-value foncière (9%) et finalement les taxes générées à l’état pendant la période de construction (1%) », fait savoir l’institution. Du reste, il n’est pas fortuit de rappeler que le projet de Vcy rentre dans le cadre du Plan Directeur routier (Pdr) adopté en 2006 par l’État du Cameroun. Sa mise en œuvre est d’autant plus nécessaire que la rocade longue de 90 km vise à faciliter le transport sous régional et local en optimisant le temps de parcours entre Douala et le Tchad, la Rca et le Gabon. Il permettrait également d’éviter la traversée de la ville par les camions transportant du fret ; faciliterait la mobilité urbaine dans Yaoundé et permettrait la réduction des émissions de carbone.
Les travaux devraient se dérouler sur 04 sections : Section T1 : Mbankomo– Nkolmeyang d’environ (36 km) : Section T2 : Nkolméyang– Nkozoa (22 km) ; Section T3 : Nkozoa– Minkoameyos (Autoroute Yaoundé-Douala) pour environ 23 km et la Section T4 : Minkoameyos (Autoroute Yaoundé-Douala) – Mbankomo (environ 9 km). A date, aucune information ne filtre en ce qui concerne les potentielles entreprises devant exécuter le chantier. Mais il convient tout de même de souligner que les études de faisabilité ont été menées par le bureau Thieg en 2017 tandis que les études techniques, économiques, environnementales et sociales, urbanistiques ont été réalisées par le bureau Cira SAS de 2018 à 2021 pour un montant global de 2 millions d’euros (1,3 milliards de Fcfa), financés par l’Union européenne.