Par Sandra Embollo
Pendant l’heure du dîner, en Montérégie, deux élèves se battent. L’éducatrice intervient pour les séparer. L’un des deux s’en prend à elle. Il lui donne plusieurs coups de poing dans le ventre
et l’insulte à répétition en la traitant de grosse conne
.
Dans une autre école primaire de la région, un élève lance des chaises et des jouets sur son éducatrice. J’ai eu de la douleur durant une heure
, raconte-t-elle.
Ces événements pourraient paraître isolés et circonscrits à une poignée d’enfants, mais ce n’est pas le cas.
Coups de pied, coups de poing, gifles, jurons
, les agressions se suivent et se ressemblent dans une vingtaine de rapports d’incidents récents obtenus par Radio-Canada. Ils proviennent d’écoles du Centre de services scolaire des Hautes-Rivières (Cssdhr), en Montérégie.
Et la situation n’est pas propre à la région. Près d’une éducatrice en service de garde sur deux dit avoir été victime de violence verbale ou physique, selon un sondage réalisé par la Fédération des employées et employés de services publics (Feesp-Csn).
Rebecca Smith aime son travail et les enfants dont elle s’occupe. Elle est éducatrice en service de garde à Saint-Jean-sur-Richelieu. Elle compte 13 ans d’expérience en tant qu’éducatrice. Pourtant, ces jours-ci, elle traîne une boule d’anxiété
qui ne s’en va pas, avec la hausse d’épisodes agressifs de la part d’élèves.
ans les incidents les plus récents, un enfant de son groupe, contrarié par la fin d’une période d’activités, est passé proche de blesser quelqu’un. Il ne voulait pas sortir du local. Il a lancé des chaises et j’ai mangé un coup de poing directement dans la poitrine. Je me suis fait cracher au visage
, raconte-t-elle.
Dans son rapport d’incident, que nous avons consulté, l’éducatrice décrira avoir eu le souffle coupé
. On y lit que l’élève l’a également menacée de la tuer avec un couteau
.
Le président du Syndicat du personnel de soutien des Hautes-Rivières, Jacques Lanciault, confie que le sondage visait à tâter le pouls du personnel dans la foulée des négociations entre le gouvernement du Québec et les employés du secteur public.
Or, personne, selon lui, ne s’attendait à autant d’incidents violents.
Entre Sorel, Granby et Saint-Jean-sur-Richelieu, les gens ne se connaissent pas. Pourtant, les résultats sont les mêmes
, précise-t-il.
C’est vraiment au primaire, le problème. Trouvez-moi un autre endroit dans la société où on peut frapper du monde, mais où il n’y a pas de conséquences? Ça n’a aucun bon sens que les employés subissent ces gestes-là et ces comportements-là
, ajoute le président.
« Au secondaire c’est différent. La police va intervenir s’il y a un grave acte violent. »
déclare Jacques Lanciault, président du Syndicat du personnel de soutien des Hautes-Rivières
Le problème est toutefois très complexe
, selon lui. Toutefois, le président appelle à une importante réflexion
sur la façon d’assurer à la fois la sécurité des enfants dans un climat de bienveillance et la sécurité du personnel scolaire.