Par Arlette Akoumou Nga
5% ! C’est le taux d’inflation qu’enregistrent les Etats de la Cemac à fin juin 2024, selon la revue sur les principaux indicateurs économiques, monétaires et financiers de la Cemac, publié par le Comité de politique monétaire de la Beac. Par rapport à fin juin 2023 où se situait à 5,4%, cet indicateur est en baisse de 0,4%. Bien que soutenu par « la pression de plus en plus forte de la demande au Tchad avec l’afflux de réfugiés soudanais, face à une offre contrainte par les perturbations climatiques, ainsi que les effets des révisions à la hausse des prix des carburants à la pompe en février 2024 au Cameroun et au Tchad », peut-on lire dans le rapport de politique monétaire.
Le Tchad dans une tendance montante
De manière spatiale, le taux d’inflation s’est fait ressentir de différentes manières dans l’ensemble des six Etats. En effet, en glissement annuel (juin 2023 – juin 2024, Ndlr), le Tchad est le pays qui affiche le taux d’inflation le plus élevé. En fin juin 2024, cet indicateur ce chiffre à 11,3% contre 1,9% en fin juin 2023, soit une hausse de 9,4%. Selon les données fournies par la Beac, la hausse de l’indice des prix sur la période sous revue a commencé à se faire ressentir au mois de septembre 2023 où l’indice des prix a grimpé à 3,4% après 3 mois successifs de stagnation à 1,9% (juin à août). Ce n’est qu’en 2024 que l’indice des prix a traversé le cap de 5%. En effet au mois de février, le taux d’inflation a culminé à 6,5%, avant de descendre à 6,4% en mars, à 5,1% au mois d’avril. La tendance va s’inverser au mois de mai avec une accélération de cet indicateur à 10,2%. L’une des raisons qui pourrait justifier cette envolée de l’indice des prix à la consommation des ménages est le relèvement des prix du carburant à la pompe enregistré à au mois de février et l’augmentation des coûts logistiques, indique la Banque centrale.
Derrière le Tchad se classe la Guinée équatoriale avec un taux d’inflation de 4,6% contre 0,4% en juin 2023. Se classe ensuite le Cameroun avec un taux d’inflation de 4,3% après 8% un an plutôt, soit une baisse de 3,7%. Cependant « le Cameroun avec un poids de 52 % de la consommation totale dans la zone et un niveau d’inflation élevé à 4,3 %, continue de porter la dynamique des prix de la Sous-région avec une contribution en baisse toutefois à 46,2 points (contre 58,0 points en mars 2024 », indique la Beac.
Le Congo pour sa part affiche au mois de juin un taux d’inflation de 3,8% comparativement aux 4,1% enregistré un an plus tôt. Il convient de préciser ici que sur l’ensemble des douze derniers mois c’est le taux d’inflation le plus bas que le pays de Denis Sassous Nguessou a enregistré. Le Gabon et le Tchad sont les deux pays de cette union monétaire dans lesquels le taux d’inflation respecte la norme communautaire de 3%. A fin juin cet indicateur se chiffre à 1% dans les deux pays après 2,4% au Congo et 3,9% au Gabon un an avant.
Si le taux d’inflation a amorcé une dynamique baissière en zone Cemac depuis la fin d’année 2023, il n’en demeure pas moins que les fonctions de consommation des produits alimentaires et transports continue de le porter au-delà du seuil communautaire. « La dynamique projetée à court terme a été impactée à fin juin 2024 principalement par une contribution de la fonction “produits alimentaires et boissons non alcoolisées” de 2,7 points, contre 2,5 points un an auparavant, tandis que l’apport de la fonction “transport” (contenant le poste lié aux prix des carburants) est revenu à 1,1 point après 1,3 point un an plus tôt.», peut-on lire dans le Rapport sur la politique monétaire de la zone Cemac de la Beac.