Par Léopold DASSI NDJIDJOU
«Le Forum des jeunes sur le financement de l’adaptation en Afrique est une étape cruciale vers la réduction du déficit de financement de l’adaptation et la sauvegarde de l’avenir du continent. En mobilisant les jeunes leaders, le forum amplifiera les voix des jeunes dans le discours sur l’adaptation climatique. Je suis convaincu que le forum nous inspirera et nous permettra à tous de plaider en faveur d’une augmentation de plus du double du financement pour l’adaptation climatique en Afrique », a lancé Augustine B. Njamshi, le directeur général de la Coalition africaine pour l’accès durable à l’énergie (Acsea) à la manette avec la « Pan african climate justice alliance » (Pacja). Plus de 150 jeunes sont présents sur les 2000 jeunes leaders d’Afrique et d’ailleurs. Ils font partie d’un mouvement plus large de jeunes défenseurs du financement de l’adaptation en Afrique.
On a appris de ce fait que le financement de l’adaptation climatique en Afrique est insuffisant. En 2019 et 2020, on estime que 11,4 milliards de dollars ont été engagés pour le financement de l’adaptation climatique en Afrique, avec plus de 97 % des fonds provenant d’acteurs publics et moins de 3 % du secteur privé. Cependant, on estime que les pays africains auront besoin de 52,7 milliards de $ par an jusqu’en 2030. Il s’agit donc d’un impératif moral et d’un investissement stratégique de donner la priorité et d’augmenter le financement de l’adaptation climatique en Afrique. Cette situation a indiqué le Directeur général d’Acsea est injuste, étant donné que l’Afrique ne contribue qu’à une infime quantité aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais qu’elle subit les effets néfastes du changement climatique de manière disproportionnée. Compte tenu de la gravité de ces défis, des mesures d’adaptation urgentes et efficaces sont en effet nécessaires pour sauvegarder les communautés et les écosystèmes africains.
En adéquation avec les jeunes, le ministre camerounais de l’Environnement a précisé dans ce sens que selon le Programme des Nations unies pour l’environnement(Pnue), l’Afrique a besoin d’au moins 50 milliards de $ par an d’ici 2030 pour développer les actions d’adaptation. Il a indiqué de ce fait que le niveau de financement à ce jour est loin de faire les comptes. Et bien plus, il a souligné que cet appui se présente sous forme de prêts et non de dons. « Vous conviendrez avec moi que cela est inacceptable et injuste », a confessé Hele Pierre avant de clarifier que l’Afrique ne peut pas payer pour les dommages causés par les autres.
« Nous ne pouvons également pas nous permettre de retarder ou de détourner nos rares ressources à d’autres besoins urgents de développement. Nous ne pouvons pas enfin nous permettre davantage de vies et de moyens de subsistance face aux dégâts générés par les effets des changements climatiques. Nous avons besoin d’agir maintenant, et c’est maintenant que nous avons besoin de financement pour l’adaptation ».
a-t-il lancé à cet effet.
Il a en outre dit aux jeunes qu’ils ne sont pas seuls dans cette lutte.
« Vous avez le soutien de vos gouvernements, des organisations de la société civile, des acteurs du secteur privé, des partenaires au développement et d’autres parties prenantes qui partagent votre vision et vos objectifs. Ensemble, nous pouvons faire la différence, ensemble nous pouvons autonomiser l’Afrique ; ensemble, nous pouvons plus que doubler le financement de l’adaptation pour un avenir résilient ».
a proclamé le patron de la protection de l’environnement.
En les félicitant d’organiser les assises, il s’est réjoui qu’ils fassent entendre leurs voix, ce qui permettra de prendre des mesures sur cette question cruciale.
Et le Cameroun dans tout cela ?
Le Cameroun est aussi dans la tourmente. Hele Pierre dans ses propos d’ouverture a dit clairement qu’au Cameroun, les forêts qui couvrent plus de 40 % du territoire et abritent plus de la moitié des espèces fauniques d’Afrique, sont soumises à une pression croissante due à la déforestation, à la dégradation des paysages forestiers et aux incendies. En ce qui concerne l’agriculture, elle qui emploie plus de 70% de la population et représente plus de 20% du Pib, elle souffre des aléas climatiques et de la dégradation des sols. Sur les zones côtières qui accueillent des millions de personnes et hébergent des activités économiques vitales, elles sont exposées à l’élévation du niveau de la mer, à l’érosion côtière et à l’intrusion d’eau salée. Pour répondre à ces différentes contraintes, a-t-il indiqué, le Cameroun a par exemple ratifié l’Accord sur le climat et soumis sa Contribution déterminée au niveau national (Cdn) qui présente les objectifs et action ambitieux du Cameroun pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux impacts des changements climatiques.
Par ailleurs, pour soutenir la veille climatique, le Cameroun a créé l’Observatoire national sur les changements climatiques (Onacc) pour suivre, évaluer et aider à la prise de décision en matière de changements climatiques. Comme on le voit, au Cameroun aussi il est essentiel de continuer à donner la priorité et à augmenter le financement de l’adaptation climatique afin d’assurer la résilience et la prospérité futures. Les modèles climatiques prévoient que sans adaptation, le Cameroun comme toute l’Afrique entière connaîtra de graves conséquences, notamment l’insécurité alimentaire, la pénurie d’eau et les risques sanitaires et les coûts économiques. « Nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer ces défis », a martelé l’un des organisateurs du forum avant de reconnaître que les engagements financiers actuels en faveur de l’adaptation doivent être révisés pour répondre à l’ampleur des défis climatiques.
« Les problèmes clés incluent le sous-financement, les obstacles à l’accès et l’incertitude du soutien financier. Le coût de l’inaction en matière d’adaptation climatique en Afrique est élevé et insoutenable. Ne pas répondre aux besoins d’adaptation entraînera des crises humanitaires, des revers économiques et des troubles sociaux. Nous devons agir maintenant pour éviter ces conséquences ».
a-t-il conclu.