Par Sandra Embollo
Les deux chefs d’État s’entretiendront dans les trois prochains jours. Tous deux ont souligné la confiance mutuelle qui unit leur pays et la vision commune de leur politique extérieure.
Le dirigeant biélorusse, au pouvoir depuis 1994, connaît très bien le président chinois, pour l’avoir rencontré déjà à 12 reprises. C’est également son 12e voyage en Chine. Comme Vladimir Poutine, Alexandre Loukachenko reprend volontiers les codes et les termes de la diplomatie chinoise quand il vient à Pékin.
Comme le font souvent les dirigeants chinois s’adressant à leurs hôtes de marque, ce sont les trois caractères 老朋友 « Lǎo péngyǒu », « vieil ami » en mandarin, que le président biélorusse a utilisés pour évoquer son homologue chinois dans une interview accordée à l’agence Xinhua avant son départ.
Les deux hommes se sont croisés en septembre dernier à Samarcande, en Ouzbékistan, en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai. Ils ont alors promis de transformer leurs relations bilatérales en « partenariat stratégique global à toute épreuve ». Un qualificatif qui rappelle le « partenariat sans limites » et l’alliance « solide comme un roc » entre la Chine et la Russie.
Proche alliée de Moscou, Minsk a laissé transiter sur son territoire les troupes russes lors de l’invasion de l’Ukraine. Résultat : la Biélorussie est encore plus isolée en Europe.
« Sous la pression des sanctions occidentales, notre peuple ressent une forte amitié pour le peuple chinois ».
confie encore Loukachenko à l’agence Chine Nouvelle.
Cette visite d’État survient après l’annonce lundi dernier par l’Union européenne qu’elle prolongeait d’un an ses sanctions contre la Biélorussie pour la poursuite de la répression contre l’opposition et son soutien à la guerre menée par la Russie en Ukraine.
Son principal objectif en venant ici est de renforcer les liens économiques avec la Chine. La Biélorussie a été en effet l’un des premiers pays à rejoindre le projet des nouvelles routes de la soie initié par Xi Jinping, il y a dix ans. Le commerce entre les deux pays a augmenté de plus de 30% l’an passé. Et sur le plan diplomatique, Minsk a salué la semaine dernière la proposition de paix en 12 points pour l’Ukraine présentée par Pékin -proposition qualifiée par Loukachenko « d’étape nouvelle et originale qui aura un impact considérable ».
De son côté, la Chine devrait renouveler son soutien politique à la Biélorussie. Lors d’un échange téléphonique avec son homologue biélorusse vendredi 24 février, le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a souligné que la Chine continuerait de « s’opposer à toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures de la Biélorussie et aux sanctions unilatérales illégales ».
À Washington, la rencontre fait grincer des dents. Minsk est sous le coup de sanctions depuis le début de la guerre en Ukraine, en tant que rare soutien à l’invasion russe, Pékin est quant à elle soupçonnée de vouloir livrer des armes à Moscou.