Par Éric Boniface Tchouakeu et Julie Peh
Vous êtes avocate coproductrice et même l’actrice principale de la
série pouvoir et loi (power and law) actuellement diffuser sur la chaîne TV5 Monde. Cette série s’intéresse davantage aux questions de droit et de justice. En tant qu’avocate de profession vous n’êtes visiblement pas aller loin pour chercher votre inspiration ?
(Rires) Oui, effectivement je ne suis pas allée chercher bien loin. Pourquoi aller chercher loin lorsqu’on a quelque chose d’intéressant à côté! J’ai décidé de parlé de ce que je connais; le droit c’est un peu mon quotidien, mais c’est le sujet qui m’a le plus interpellé. On a constaté que le paysage cinématographique pas seulement au Cameroun mais un peu en Afrique francophone , était un peu vide au niveau des séries juridiques ; alors qu’en réalité , tout le monde aime les séries juridiques. Que ce soit en Afrique en Europe, en Amérique partout les gens aiment regarder les séries juridiques ( Scandale , The good fight etc…) Il ya tellement de séries de succès qui cartonne qu’on préfère regarder ce qui vient d’ailleurs; mais on en a pas made in Cameroun ou made in Afrique francophone, qui parle de nos problèmes particuliers. Donc c’était un peu pour pallier à tout ça qu’on a décidé de lancé cette série .
Globalement l’intrigue de votre série tourne autour de l’histoire d’un riche cabinet d’avocats qui doit faire face aux conséquences des Crimes sur lesquels il s’est construit alors que l’une de ses héritières s’apprête à prendre sa direction. À priori ont pourrait pensé à une famille occidentale, mais c’est bien les réalités Camerounaises que vous mettez en avant!
Ce sont les réalités Camerounaises pas seulement Camerounaises mais africaines en générales qu’ont essayent de mettre en avant dans cette série. On a l’habitude de regarder les séries juridiques qui viennent d’ailleurs, où on voit comment ils traitent leurs problèmes: vous avez le droit de garder le silence ! On sait comment ça se passe les problèmes de drogues et tout ça et c’est leurs réalités. Oui elles n’arrivent pas particulièrement chez nous , on parle plus de pédophilie, de viol ; nous parlons aussi de nos réalités de nos maux à nous. C’est un peu ce qu’on a voulut représenté et mettre en avant dans cette série.
Quelles sont les principaux maux de la société camerounaise voir africaine que vous mettez en exergue pour les décrier dans votre série ?
On parle de plusieurs choses qui sont quand même les réalités de notre société africaine pas particulièrement le Cameroun. Mais ce sont les choses qu’on vit dans notre société africaine. On parle de viol , d’inceste , de corruption,de trafic d’influence. Par exemple au premier épisode on a eu un problème de terrain ; ce sont des réalités qui se passe. J’achète mon terrain aujourd’hui, en fait il y’a plusieurs autres propriétaires du même terrain. Ce sont des thèmes qui sont aborder dans les épisodes.
Dans la série vous ne cachez pas qu’on parle bien du Cameroun avec ses armoiries, notamment le drapeau, et vous vous lancez donc dans la peinture ces tares que vous décrier. Aux yeux du monde voulez vous présenter le Cameroun dans son aspect le plus abject ?
Non pas du tout , pourquoi regarder l’envers du décor, au contraire nous présentons dans la série le Cameroun dans son aspect le plus souhaité, plus rêvé ; dans son aspect qui est entrain de se réaliser. C’est vrai qu’il y’a des choses qu’on décrit dans la série, mais dans la même série on montre qu’il y’a une catégorie de camerounais qui agissent différemment, et qui montrent la meilleure face du Cameroun. On voit un juge qui condamne la corruption dans le premier épisode par exemple c’est un camerounais ! l’avocate qui défend les droits de la veuve c’est une camerounaise ! Donc il ya des camerounais qui travaillent pour le Cameroun. Dans la série on voit également un magistrat , qui se croyait intouchable, condamnée conformément aux lois Camerounaises ; qui ignore pas parce qu’il est juge; l’on peut apercevoir également une veuve , qui n’a personne être restitué dans ses droits. Donc c’est la société camerounaise en devenir, où des citoyens sont égaux en droit et en devoir ; c’est ce que nous voulons pour le Cameroun et c’est vers ça qu’on s’en va dans ce Cameroun là. C’est ça qu’on veut montrer que M. et Mme tout le monde ne doivent pas simplement resté dans cette fatalité en se disant que tant pis c’est ce qui m’arrive !! mais la loi est la pour nous. Et c’est également de montrer que ce n’est pas une fatalité, comme je viens de le dire , que les maux du Cameroun trouveront des solutions car il ya des choses qui sont entrain d’être faîtes , justement pour qu’il y’ai un changement ; même si c’est petit même si c’est à Petite échelle il ya des choses qui sont faites effectivement pour redorer le blason du Cameroun, et montrer qu’il est entrain de se transformer pour arriver là où il devrait être.
La vulgarisation éducation à connaissance du droit font partie de votre volonté dans la série pouvoir et loi. On imagine que c’est un hommage posthume, que vous rendez à votre père Me. Michel Kuemo le regretté, qui a produit la série intitulée le procès de Me Hell qui était diffusé sur la Crtv, la télévision publique Camerounaise dans le passé !
C’est exactement ça ! L’idée de la série pouvoir et loi est partie d’où ? En fait comme je le dis c’est un hommage à papa qui était avocat ; et avant de l’être, il était professeur. Donc une fois qu’il est devenu avocat, il a gardé ce côté pédagogue qu’il avait et a voulut enseigné Mr et Mme tout le monde ; à savoir c’est quoi leurs droits ! Il a voulu vulgariser les principes de droit. Il a commencé par des livres et des magazines qu’il possédait ; puis il s’est rendu compte que le cinéma peut être un bon moyen aussi de vulgariser le droit , qui est important pour bâtir une société qui ne peut être faite sans droit. Malheureusement les gens ne sont pas toujours au fait de leurs droits et devoirs. Alors comment mieux les renseigner qu’à travers le cinéma. Parceque les gens aiment bien regarder la télé ; donc c’est comme ça qu’il a mis sur pied cette première série camerounaise qui s’intitulait”le procès de Me hell” qui a malheureusement été arrêté en raison de son décès. C’est dans cet objectif là qu’on a lancé pouvoir et loi pour continuer ce qu’il avait commencé, en gardant l’esprit et ce désir de vulgariser, de parler des maux mais surtout des solutions. Il ya la loi qui peut faire quelque chose même si on pense parfois qu’elle n’est pas là pour nous . Le but de la série aussi est de dire aux gens , de ne pas perdre foi en la justice, et en la loi ; c’est d’ailleurs ce que nous mettons en exergue dans la série.
Comme votre père dans sa série, vous et votre sœur Carine êtes actrices dans la série pouvoir et loi. Est ce une réelle vocation pour vous ? Où est ce la première fois que vous jouez un rôle important dans une série ou un film à titre personnel ?
Hummm vocation je ne sais pas!! mais profession certainement pas ! C’est pas ça qu’on fait tout les jours de notre vie , c’est vraiment la première fois , s’il faut parler d’un rôle important dans une série ou un film , c’est la première fois qu’on a un rôle point final. On a jamais joué dans une série ou dans un film. Humm donc on s’est juste lancé comme pour jouer entre guillemets , par passion pour joué et puis ça a donné le résultat que vous allez voir tout au long de la série.
Votre série pouvoir et loi a été tourné au Cameroun, et on y retrouve de grands noms du cinéma comme André Bang, Marvin Goulougwe, blanche bilongo et même une star de la musique comme kareyce fotso. Pourquoi était-il important pour vous de réunir des grands noms ?
Oui pour moi c’était important de réunir les grands noms, c’était important de réunir les doyens aussi, et vous allez voir que dans la série, il y’a beaucoup de doyens ces personnes là qui nous ont bercé , qui ont fait naître un peu le cinéma camerounais, mais qu’on voit de moins en moins sur nos écrans. On a voulu les ramener ;quand on parle de blanche bilongo ! j’étais toute petite et la voyait à la télé, donc oui on a voulu travailler avec ses personnes là, et on a été bien content quand elles ont accepté de nous suivre dans ce projet.
Alphonse beni est un autre grand nom du cinéma, originaire du Cameroun il fait également partie des acteurs de votre série , il est décédé le 12 mars dernier, j’imagine que vous avez une pensée pour sa famille, surtout que ce dernier qui joue le rôle de gouverneur dans pouvoir et loi, sera absent lors des trois prochaines saisons attendu?
Absolument c’est sur qu’on a une pensée pour le doyen , papa Alphonse béni, on a eu le privilège de l’avoir sur ce projet, on s’est senti choyé qu’il a accepté de travailler avec nous. Malheureusement la série est sorti juste quelques mois après son départ. Mais néanmoins nous lui avons rendu un vibrant hommage sur notre page Facebook, par rapport à son intervention, à sa première apparition dans la série. On a même lancé un jeu concours pour rendre hommage au doyen Alphonse beni. Donc oui on est de tout cœur avec la famille par rapport à ça.
Véronique Armelle kuemo est ce qu’il a été aisé de trouver des financements pour votre série, parce qu’on sait que ce n’est pas toujours une sinécure s’agissant du cinéma africain?
Ça n’a pas été facile, vous savez je suis avec ma sœur sur le projet, on s’est lancé pour rendre hommage à papa, c’était ça la raison principale. Donc on y est allé avec le coeur, puis en réalité si on avait su dès le départ ce que ça prendrait, je pense qu’on ne se serait pas lancé. Mais on y est allé comme des enfants, on a foncé tête baissée. Puis quand on s’est rendu compte que c’est beaucoup plus lourd qu’on le pensais, il était un peu trop tard pour reculer, et comme on dit mouillé c’est mouillé il n’y a pas de mouillé sec!! Donc on a du continuer de foncer pour sortir la tête de l’eau . Et c’est ça ! On a utilisé beaucoup de love money et on est reconnaissant envers toutes ses personnes qui ont contribué à ce projet. On est allé avec des prêts des dettes et tout ça ! Mais beaucoup de love money donc on dit merci à tous ses gens là qui nous on aidé, qui nous ont soutenu qui nous ont appuyé alors qu’ont étaient des amateurs sur ce type de projet on dit merci.
Vous faites également l’effet de promouvoir votre série à travers des festivals. Vous étiez notamment au premier festival des séries de Dakar au Sénégal pour cela. Est ce que vous avez jusqu’ici un fil back positif ?
Oui on est carrément très contente de l’accueil que le public réserve à cette série . On est contente nous sommes allés à Dakar récemment , on a eu de très bon commentaires. Également quand la série a reçu le prix du jury au festival écran noir. De très bon commentaires aussi suite à la diffusion des deux premières épisodes. La diffusion de la série a commencé dimanche sur TV5 Monde, depuis lors nous avons reçu de bon commentaires aussi ; donc on est contente des commentaires qu’on a pu lire.