Par Sandra Embollo
La région de la Mojana est une zone marécageuse qui relie trois fleuves. La digue de sable est donc primordiale pour éviter les inondations. Elle venait d’être terminée il y a tout juste trois mois, quand elle s’est rompue, début mai. Elle devait protéger plus de 500 000 personnes. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, plus de 32 000 seraient victimes des inondations dans cette région, rapporte notre correspondante à Medellin, Najet Bentabaa.
Les flots des puissants fleuves San Jorge, Magdalena et Cauca ont inexorablement envahi ces vastes étendues, inondant des milliers d’hectares dédiés à l’agriculture et l’élevage.
Les treize villes concernées par cette digue demandent l’aide des autorités locales qui rejettent la faute sur le promoteur du projet. De son côté, le constructeur assure que les paiements non réalisés par l’Unité de gestion des risques naturels (UNRGD) ont ralenti l’avancée du projet.
Enquête en cours
En clair, chacun se rejette la responsabilité. Alors qu’on parle ici d’un projet de digue évalué à plus de 30 millions d’euros. Où est donc passé l’argent ? Seulement 20% de cette somme a été versée au constructeur. Une enquête est en cours pour des détournements présumés d’argent public par des responsables de l’UNGRD, un scandale qui a abouti à la démission du directeur de cette institution et met en difficulté le président Petro. Son nouveau patron, Carlos Carillo admet que les travaux n’avancent pas au rythme prévu : « L’entrepreneur ne semble pas faire tout ce qu’il peut pour combler la brèche » d’environ 70 mètres.
Pendant ce temps, l’orage au loin avertit les habitants de La Mojana que la saison des pluies dans les montagnes en amont ne fait que commencer et que les rivières seront bientôt encore plus chargées, alors que 42 autres points de la digue menacent de céder.