Par Joël Onana
Déjà sanctionné par les États-Unis et sous le coup d’un mandat d’arrêt international par la France, Riad Salamé a été arrêté mardi 3 septembre à Beyrouth, a indiqué à l’Afp une source judiciaire. L’ancien gouverneur de la Banque du Liban (Bdl) est soupçonné de corruption dans son pays et à l’étranger.
Riad Salamé, 74 ans, a été “arrêté après avoir été entendu pendant trois heures par le procureur général au sujet de soupçons de détournement de fonds de la BDL dépassant 40 millions de dollars”, a précisé cette source qui a requis l’anonymat.
Riad Salamé a été gouverneur de l’institution bancaire pendant dix ans, de 1993 jusqu’en juillet 2023. Beaucoup l’accusent, avec les dirigeants politiques auxquels il est étroitement lié, de l’effondrement de l’économie au Liban. Suspecté de détournement massif de fonds publics libanais et de s’être constitué un riche patrimoine immobilier et financier, l’ancien banquier franco-libanais se défend de toutes malversations. C’est la première fois qu’il comparaît en justice depuis l’expiration de son mandat, le 31 juillet 2023.
Des montages financiers comparés à une “pyramide de Ponzi”
Aucun successeur ne lui a été trouvé en raison de la crise politique dans le pays, et le premier vice-gouverneur, Wassim Mansouri, est depuis chargé de combler l’intérim. Dès 2016, Riad Salamé se lance dans des montages financiers comparés à une “pyramide de Ponzi”, et fin 2019, commence l’effondrement qui fait perdre à la livre libanaise plus de 98 % de sa valeur et prive les épargnants de tout accès à leurs économies dans les banques.
Riad Salamé, qui n’a pas répondu à une convocation d’un juge français en mai 2023, fait depuis l’objet d’un mandat d’arrêt international. Le Liban refuse d’extrader ses ressortissants. La justice allemande a, de son côté, annulé en juin dernier un mandat d’arrêt contre Riad Salamé sans pour autant boucler l’enquête à son encontre.
Les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions économiques pour corruption contre lui, Washington estimant que ses “actions corrompues et illégales ont contribué à l’effondrement de l’État de droit au Liban”.