Par Emma Muto
Ces obsèques, loin d’être une simple commémoration, se transforment en une scène où se joue déjà une partie de la bataille électorale de 2025. En effet, les funérailles d’Henri Konan Bédié semblent devenir un champ de bataille politique où chaque geste et parole peuvent avoir des répercussions significatives sur l’échiquier politique ivoirien.
Bien que la famille et le Pdci soient impliqués dans l’organisation de l’événement, c’est la présidence de la République qui supervise les cérémonies officielles au palais présidentiel et à l’Assemblée nationale, ainsi que les dispositifs de sécurité et l’inhumation. Selon des informations recueillies par Le Monde, les autorités actuelles seraient réticentes à laisser Tidjane Thiam, une figure majeure de l’opposition, s’exprimer lors des commémorations au palais présidentiel et à l’Assemblée nationale, symboles du pouvoir exécutif et législatif en Côte d’Ivoire.
D’ailleurs, le programme officiel des hommages nationaux ne prévoit aucun discours de la part d’un représentant du Pdci, ce qui suscite déjà des interrogations et des critiques. Un proche de Thiam, s’étant confié au média français, affirme que le parti au pouvoir redoute que le nouveau président du Pdci, successeur d’Henri Konan Bédié depuis le 22 décembre 2023, ne profite de cette occasion pour asseoir son autorité auprès de son électorat traditionnel.
« Le Rhdp, parti au pouvoir, craint de laisser une telle tribune à Tidjane Thiam, surtout à l’approche de l’élection présidentielle », explique-t-il.
Pourtant, pour le Pdci, les obsèques de Bédié ne représentent pas seulement un hommage au passé, mais aussi un tremplin pour l’avenir. Selon notre source, les responsables du parti espéraient lancer officieusement leur campagne dès le mois de juin, en utilisant cet événement pour galvaniser leurs partisans et marquer le début d’une nouvelle ère politique.