Par Sandra Embollo
En chemisette, couverte d’un dossard orange fluo sur lequel est écrit «Ppef», pour Pôle pénal, économique et financier, Miguel Devesa, 53 ans, chausse ses lunettes et sort ses petits bouts de papier. Après le témoignage de chaque prévenu ou presque, c’est le même rituel. «Monsieur Miguel» – comme l’appelle la présidente du tribunal – un Espagnol au visage rond, cheveux poivre et sel, et yeux bleus perçants, prend des notes. Il vient à la barre contredire les dénégations et distribuer les responsabilités. C’est souvent sa parole contre celle des autres détenus. Parfois même, son expertise face à la méconnaissance du tribunal.
«C’est le hasard qui m’a fait tomber, pas la police», répète-t-il à l’envi. Miguel Devesa a été arrêté le 22 avril 2022 à Assinie, cité balnéaire de la jet-set ivoirienne, alors qu’il voulait fuir au Ghana voisin. Une semaine plus tôt, les forces de l’ordre intervenaient à Abidjan parce qu’une jeune femme, prostituée, disait avoir été battue par son client, un Colombien. Dans la résidence de l’agresseur, une découverte de taille : de la cocaïne et un laboratoire pour la couper et la conditionner. Le réseau est démantelé. En tout, à Abidjan et San Pedro, ville côtière de l’ouest du pays, la police saisit plus de deux tonnes de poudre blanche.