Par Sandra Embollo
Le parti d’opposition de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé samedi 30 septembre rejeter les résultats des élections locales et sénatoriales, quelques semaines après la tenue de ces scrutins dont le parti au pouvoir est sorti largement vainqueur.
« Le Ppa-ci [Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire] rejette les résultats des élections locales et sénatoriales qui ont été obtenus pour l’essentiel par des manœuvres frauduleuses », a déclaré le porte-parole du parti, Justin Koné Katinan, lors d’une conférence de presse à Abidjan. La Cei [Commission électorale indépendante] est la première complice, si elle n’en est pas l’initiatrice, de la multitude des cas de fraude »,
a ajouté M. Katinan. Il a soulevé des irrégularités concernant notamment le matériel installé dans les bureaux de vote.
Le Ppa-ci a également souligné une « partialité des forces de l’ordre » qui ont « assisté passivement à la destruction du matériel électoral » dans certains bureaux et ont été « brutales avec les opposants ». Quelques altercations avaient été constatées dans des bureaux de vote par des observateurs. Le Ppa-ci a par ailleurs accusé le parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) du président Alassane Ouattara, d’avoir « acheté le vote des électeurs ».
Un Sénat presque entièrement acquis à la majorité
Les élections municipales et régionales ont eu lieu le 2 septembre, les sénatoriales se sont tenues le 16. Le parti au pouvoir a raflé 123 communes sur 201 et 25 régions sur 31. Le Ppa-ci, grâce à une alliance dans certaines circonscriptions avec le principal parti d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci), a obtenu dix communes et une région. Seul, il a obtenu deux municipalités de plus, le reste revenant à des candidats indépendants. Aux sénatoriales, pour lesquelles votent les grands électeurs, le Ppa-ci n’a remporté aucun des 64 sièges, quand le parti au pouvoir en a obtenu 56. Trente-trois autres parlementaires sont nommés par le chef de l’Etat. Deux autres sièges sont pour l’instant vides, à la suite de l’absence de proclamation de résultats dans une région où se sont déroulés des incidents.
Laurent Gbagbo a été radié de la liste électorale après une condamnation prononcée en 2018 qui a entraîné la déchéance de ses droits civiques. Son parti a assuré faire de « l’inscription » de l’opposant « sa priorité absolue ». M. Gbagbo n’a pas pu voter aux élections locales. « Le parti a décidé de se réorganiser » pour préparer « dès maintenant » l’élection présidentielle de 2025, a affirmé M. Katinan.