Par Éric Boniface Tchouakeu
L’ancien Chef de la Garde Républicaine a pris la tête du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) après avoir chassé du pouvoir à travers un coup d’état militaire le 30 août 2023 Ali Bongo Ondimba , le Chef de l’Etat depuis 2009 après la mort de son père, Omar Bongo Ondimba qui avait passé 41 ans sans discontinuer à la tête du Gabon.
La Cour constitutionnelle a été provisoirement réhabilitée pour recevoir le serment du Chef de la junte par ailleurs cousin du Président déchu; car il faut le relever, juste après leur coup de force, les putschistes ont annoncé la dissolution de toutes les institutions du pays, ainsi que l’annulation des résultats selon eux tronqués, des élections générales du 26 août.
Le coup d’Etat est en effet intervenu juste après l’annonce par le Centre Gabonais des Elections qui fait office de commission électorale, de la de la victoire du Président sortant, Ali Bongo Ondimba à la présidentielle organisée ce jour-là en même temps que les législatives et les locales.
Selon ces résultats, le Président Ali Bongo Ondimba a obtenu un peu plus de 64% des suffrages, contre 30% de voix pour son principal adversaire, le candidat consensuel de l’opposition, le Professeur Albert Ondo Ossa.
Ce dernier qui avait revendiqué la victoire, indique que les résultats de la présidentielle ont été inversés et demande à la junte désormais installé au pouvoir et selon toujours lui, avec la bénédiction de Pascaline Bongo Ondimba, sœur aîné du président renversé, de procéder simplement au recomptage des suffrages afin de constater sa victoire.
C’est visiblement peine perdue au regard des derniers développements de la situation.
Avant le Gabon c’est au Niger qu’on avait enregistré le dernier coup d’état militaire dans un Etat d’Afrique francophone.
Le Général Abdourahmane Tchiani a pris la tête du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, nouvel organe suprême de gestion du pays après avoir renversé le 26 juillet 2023 le Président Mohammed Bazoum, élu démocratiquement et au pouvoir depuis seulement avril 2021.
Les putschistes Nigériens ont indiqué avoir agi en raison de la situation sécuritaire dans le pays qui ne cesse de se dégrader.
En remontant un peu plus loin, on observe que le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, autres pays anciennement colonisés par la France, ont aussi connu des coups d’état militaire durant les dernières années et sont depuis dirigés par des régimes militaires.
Deux raisons au moins peuvent expliquer la nouvelle propension des militaires à s’intéresser à la gestion du pouvoir suprême.
Il y a en bonne place la question de la dévolution du pouvoir. L’organisation des élections généralement truquées à plusieurs niveaux n’ont pas souvent permis l’arrivée au pouvoir de dirigeants véritablement choisis par leur peuple.
Dans ce cas de figure, des coups d’Etat militaires apparaissent comme une réponse aux coups d’état électoraux et constitutionnels souvent opérés par des dirigeants civils pour bloquer toute alternance démocratique et pacifique.
Il y a aussi la mauvaise gouvernance des dirigeants en place, souvent plus tournés vers la satisfaction de leurs propres intérêts et ceux de leurs parrains étrangers, que du bien-être de leurs populations dont la plupart croupissent dans la misère.
La corruption généralisée, le clanisme, le népotisme ou encore le trafic d’influence, sont érigés en normes dans cette forme de gouvernance.
Aussi longtemps que l’une ou ces deux situations seront présentes dans un pays, son dirigeant qu’il soit civil ou militaire, ne sera pas à l’abri d’un renversement par la force.