Par Mon’Esse
Jusqu’à dimanche en début d’après-midi, l’agenda de la présidence française n’affichait aucune information quant à la venue d’Emmanuel Macron au Cameroun. Les activités du chef de l’Etat s’affichaient jusqu’au 18 juillet avec la visite d’Etat en France du président des Emirats arabes unis, Cheikh Mohammed Bin Zayed Al Nahyan. Le site de l’ambassade de France à Yaoundé n’affichait aucune information allant dans ce sens. Au même moment une note, attribuée au service de presse et veille de la présidence française mais jamais authentifiée, indiquait vaguement dimanche que M. Macron sera à Yaoundé du 25 au 26 juillet avant de poursuivre son périple africain vers le Bénin. “Une note d’informations contenant le programme complet du déplacement, sera diffusée ultérieurement”, précise ledit document.
Généralement introduit dans les cercles françafricains, le magazine Jeune Afrique observe une prudence bien compréhensible sur le sujet. S’il indique, le 13 juillet qu’Emmanuel Macron projette de voyager au Cameroun et au Bénin, il s’empresse également d’ajouter :
«Rien n’est encore officiellement confirmé : sur place, des commissions techniques discutent encore des programmes. Mais si toutes les parties les valident, Emmanuel Macron se rendra, selon nos informations, en visite officielle au Cameroun, le 26 juillet, puis au Bénin, le 27.»
Samedi, le site de Ouest-France se voulait pour sa part un peu plus précis :
«Le Président Emmanuel Macron doit se rendre au Cameroun le 26 juillet 2022. Accompagné de Catherine Colonna, ministre des Affaires européennes et étrangères, Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, Franck Paris, conseiller Afrique du président de la République et Christophe Bigot, directeur Afrique du ministère des Affaires européennes et étrangères.»
Mais le quotidien le plus lu de l’Hexagone se gardait bien de préciser s’il s’agirait d’une visite d’État ou d’une visite officielle, un détail ayant son importance à la fois dans la symbolique et le protocole d’Etat.
Les relations entre les deux pays ont en effet donné l’impression d’une tiédeur certaine depuis quelques années. Entré à l’Elysée le 14 mai 2017, le premier quinquennat d’Emmanuel Macron aura été placé sous le signe de la défiance vis-à-vis du régime de Yaoundé. Il n’est jamais venu au Cameroun en trois descentes sur le sol africain, un pays pourtant considéré comme la tête de pont de l’influence hexagonale en Afrique centrale – voire au-delà.
En terme de contact physique, MM. Biya et Macron se sont entretenus en tête à tête le 10 octobre 2019 à Lyon, en marge des travaux de la sixième Conférence de Reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Dans l’espace Paris a régulièrement déploré la longévité de Paul Biya aux affaires, le déficit de démocratie ou encore de nombreuses atteintes aux droits humains.
«Je vais appeler la semaine prochaine le président camerounais Paul Biya et on mettra le maximum de pression pour que la situation cesse. Il y a des violations des droits de l’homme au Cameroun qui sont intolérables, je fais le maximum»,
avait déclaré le chef de l’Etat français en février 2020, interpellé par un activiste camerounais lors d’une visite au Salon de l’agriculture à Paris.
Une “ingérence” qui avait eu le don de hérisser le poil à Yaoundé, où le gouvernement s’est empressé de répliquer que le Cameroun “entend[ait] rester maître de son destin”.
Au plan diplomatique, la coopération franco-camerounaise est régie par des accords de coopération signés en novembre 1960 et révisés en février 1974, ainsi que d’autres types d’instruments de divers ordres signés en 1976, 1980, 1985 et 1900.
S’agissant des échanges, et selon le Trésor français, l’excédent commercial de la France vis-à-vis du Cameroun s’est légèrement contracté en 2020 par rapport à l’année d’avant pour s’établir à près de 187 milliards de francs CFA.