Par Mon’Esse
Elu comme président de la 79è session de l’Assemblée générale des Nations Unies, l’ex-Premier ministre Philemon Yang risque fort, au vu des enjeux actuels et des crises internationales, d’apparaître comme un jouet entre les mains des grandes puissances.
Choisi chaque année, avant l’ouverture de la séance plénière de l’instance, le titulaire du poste occupe une fonction de coordination et de facilitation des travaux de l’Assemblée.
Il s’agit d’une fonction essentiellement administrative, jamais demandée par les puissances et consistant à organiser les débats et les travaux de l’instance internationale, sans pour autant interférer dans les attributions du secrétaire général des Nations Unies.
Philemon Yang arrive à ce poste au moment où la guerre bat son plein entre Israël et le Hamas, et où le conflit s’embourbe entre la Russie et l’Ukraine, et alors que le conflit sécessionniste dans son propre pays est cité parmi les crises oubliées au monde.
Le Cameroun, élu pour la deuxième fois membre non permanent du Conseil de sécurité durant la 57è session (2002-2003) de l’Assemblée générale, marquée par la «crise diplomatique franco-américaine» sur l’intervention en Irak, servit déjà de prétexte aux acteurs de ladite guerre.
Optant pour une approche consensuelle, et refusant d’entrer dans le jeu des blocs antagonistes, son ambassadeur à l’Onu, Martin Belinga Eboutou, insista alors ainsi quant à la poursuite des inspections des Nations Unies en Irak :
«Le Cameroun invite le Conseil de sécurité à une décision consensuelle pour forcer l’Irak à désarmer. Nous sommes en faveur des inspections, mais elles ne doivent pas se prolonger indéfiniment.»
Plus clairement, Yaoundé avait adopté une position médiane sur l’intervention de l’armée américaine en Irak, toute chose ayant confirmé sa position intermédiaire au sein du Conseil de sécurité.
«Il s’agit d’une position qui oscille entre la position pacifiste française et un clin d’œil à la position belliciste américaine. Le Cameroun, dans sa tradition diplomatique, est un pays qui a toujours cherché une navigation entre les extrêmes»,
analysa le Pr Narcisse Mouelle Kombi, alors enseignant à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Yaoundé II-Soa.
Aujourd’hui ministre des Sports, ce dernier traduisait la controverse diplomatique ayant conduit à l’impasse des négociations, et provoqué l’entrée en guerre unilatérale des Etats-Unis en Irak, dont son pays ne put bloquer le projet de résolution américano-britannique prévoyant une intervention militaire à Bagdad.
Revenu à l’Onu à travers la présidence de la 79è session de l’Assemblée générale, le Cameroun, qui a fermement soutenu son candidat, ne risque pas d’avoir davantage de l’influence sur les affaires d’un monde aujourd’hui engagé dans divers conflits armés.