Par Félix C. Ebolé Bola
Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé les autorités camerounaises à adopter un plan d’action national sur les entreprises et les droits humains.
S’exprimant mercredi soir dans la capitale du pays, Yaoundé, au terme d’une visite de travail de deux jours, il a aussi invité les dirigeants à garantir des ressources suffisantes dans le budget national pour les mesures d’adaptation et d’atténuation du changement climatique.
«Le Cameroun est aujourd’hui confronté à des défis multiples et complexes en matière des droits humains, mais des opportunités se présentent à lui aussi, en particulier compte tenu de sa population extrêmement jeune, avec plus de 40% des Camerounais et des Camerounaises âgés de moins de 15 ans, et une société civile très dynamique», a-t-il déclaré face aux médias.
Evoquant le processus devant mener à la présidentielle de 2025 et aux scrutins locaux de l’année suivante, Volker Türk a estimé que celui-ci constitue une occasion clé pour renforcer l’inclusion politique et faciliter la participation de toutes les composantes de la société à commencer par les jeunes, les femmes, les populations des zones touchées par des conflits, les personnes déplacées internes et les personnes vivant avec un handicap.
Cette période sera également, a-t-il souhaité, l’occasion de s’assurer que l’espace civique est protégé pour permettre des discussions et des débats vigoureux sur les moyens de relever les défis ensemble.
Et parmi les défis les plus difficiles, le diplomate onusien a cité la crise sécessionniste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’impact des attaques de la secte islamiste Boko Haram et des groupes affiliés et dissidents dans l’Extrême-Nord, sans oublier les conséquences de la crise en République centrafricaine dans la région de l’Est.
A propos de la bataille séparatiste, il a soutenu qu’«aucun effort ne devrait être ménagé pour faire taire les armes et mettre fin à cette crise insoutenable – par le dialogue avec celles et ceux qui ont des griefs et des exigences, par l’obligation pour les auteurs de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits, de rendre des comptes, et par des mesures de réconciliation, y compris une évaluation des processus existants de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) pour des membres de groupes armés».
A cette litanie de zones de tension, il convient d’ajouter la sécheresse, les précipitations irrégulières et la désertification croissante, sévissant dans le bassin du lac Tchad et ayant déclenché des tensions et des violences, parfois entre des communautés d’éleveurs et d’agriculteurs.
Pour haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, il persiste malheureusement, au Cameroun, une impunité persistante pour les graves violations commises, pour laquelle la lutte «est absolument essentielle – quelle que soit l’affiliation des auteurs», parce que devant grandement contribuer à renforcer la confiance entre les citoyens et l’État.
Là où les forces de sécurité de l’État ont été impliquées dans des violations, a martelé Volker Türk, indiquant avoir reçu des assurances de la part du gouvernement à cet égard, «il est essentiel que des enquêtes soient menées indépendamment, rapidement et de manière transparente, et que les auteurs soient traduits en justice, tout en assurant la protection des victimes et des témoins».
Volker Türk a aussi appelé la communauté internationale à se mobiliser afin de s’assurer que les besoins humanitaires du Cameroun sont financés de façon adéquate, un pays de quelque 27 millions d’habitants et qui, en juin, comptait environ 1 million de personnes déplacées internes, dont 3,4 millions ayant besoin d’une aide humanitaire, sur une population d’environ.
