Par Sandra Embollo
Sur le plan judiciaire, le parquet espagnol a annoncé plus tôt dans la journée l’ouverture d’une enquête préliminaire pour “agression sexuelle”.
Le patron du football espagnol a soulevé une vague d’indignation en embrassant sur la bouche Jenni Hermoso sur le podium de la Coupe du monde le 20 août dernier à Sydney après le sacre de la Roja.
“Après les récents événements et les comportements inacceptables qui ont gravement porté atteinte à l’image du football espagnol, les présidents demandent à Luis Rubiales de présenter immédiatement sa démission en tant que président de la RFEF”, écrit la Fédération dans un communiqué.
L’appel a été diffusé à l’issue d’une réunion des présidents régionaux de la fédération, convoquée dans l’urgence par Pedro Rocha, qui assure la présidence par intérim de la RFEF depuis que Luis Rubiales a été suspendu de ses fonctions par la Fifa, l’instance internationale du football.
Ils se prononcent aussi pour “une restructuration profonde et sans délai des postes stratégiques de la Fédération afin d’ouvrir la voie à une nouvelle étape de la gestion du football espagnol”.
Délit d’agression sexuelle
La pression n’a cessé de monter et s’est intensifiée ces derniers jours, depuis que Rubiales, 46 ans, a annoncé à la surprise générale, vendredi dernier, qu’il refusait de démissionner.
Après la décision de la Fifa de le suspendre samedi “de toute activité liée au football au niveau national et international” pendant 90 jours, il est désormais sous le coup d’une enquête préliminaire pour agression sexuelle.
Cette enquête, a précisé le parquet dans un communiqué, porte sur “des faits qui pourraient être constitutifs d’un délit d’agression sexuelle”.
La justice espagnole invite Jenni Hermoso à prendre contact “dans un délai de 15 jours” afin d’être “informée de ses droits en tant que victime” et de “déposer plainte” si elle le souhaite. Selon le parquet, une plainte de l’internationale espagnole, 33 ans, est indispensable au lancement d’éventuelles poursuites à l’encontre du président de la RFEF, a précisé une porte-parole à l’AFP.
Saisi par le gouvernement espagnol, le Tribunal administratif des sports (TAD) s’est réuni pour sa part lundi pour étudier la plainte de l’exécutif de gauche contre Luis Rubiales. L’affaire, déjà surnommée le “#MeToo du foot espagnol” et qui a éclipsé le sacre mondial de la Roja féminine, a entraîné une vague d’indignation en Espagne mais aussi à l’étranger.
Plusieurs équipes de football masculines et féminines du pays ont exhibé des banderoles ou des T-shirts avec l’inscription #SeAcabo (finissons-en) pour demander la fin de l’impunité envers les actes sexistes et les violences sexuelles, un slogan devenu viral sur les réseaux sociaux.
Derrière le #ContigoJenni (avec toi Jenni), les sélections masculines et féminines norvégiennes ont été les premières à apporter conjointement leur soutien à Jenni Hermoso lundi.
Les condamnations dépassent le monde du football, avec la légende du basket espagnol Pau Gasol, et même du sport, avec l’actrice israélo-américaine Natalie Portman. Dans un pays considéré comme très avancé en matière de droits des femmes, le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez est particulièrement virulent contre Luis Rubiales.
“Face à un baiser non consenti”, qui peut constituer une agression sexuelle selon le Code pénal espagnol, “le gouvernement a l’obligation d’agir”, a estimé lundi la ministre de l’Égalité, Irene Montero. Rubiales, qui a fustigé un supposé “faux féminisme” en annonçant qu’il n’entendait pas démissionner, martèle que ce baiser était “consenti”.
Mais la version de l’ancien défenseur a été catégoriquement démentie par la championne du monde, qui a dit s’être sentie “vulnérable et victime d’une agression (…) sans aucun consentement de ma part”.
Dénonçant le “harcèlement”, dont serait victime Luis Rubiales, sa mère a entamé une grève de la faim dans une église de Motril (sud), a indiqué à la presse Vanessa Ruiz Bejar, une cousine du président de la fédération.
La RFEF est en plein processus de candidature à l’organisation de la Coupe du monde 2030 avec le Portugal et le Maroc. Les 23 joueuses du groupe sacré en Australie refusent de jouer sous la direction actuelle et six membres de l’encadrement de la sélection féminine ont démissionné samedi