Par Julie Peh
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken « a paraphé une dispense permettant le transfert de ces fonds » dans une notification formelle au Congrès américain, a indiqué lundi un porte-parole du département d’État, en précisant que cela avait été fait la semaine dernière.
« Comme nous l’avons annoncé précédemment, les États-Unis ont accepté le transfert de fonds de la Corée du Sud vers des comptes restreints détenus au Qatar et la libération de cinq ressortissants iraniens actuellement détenus aux États-Unis afin de faciliter la libération de cinq citoyens américains détenus en Iran”, selon la même source.
« Nous n’avons levé aucune des sanctions contre l’Iran et l’Iran ne bénéficie d’aucun allègement des sanctions»,
A précisé le porte-parole.
Plus tôt lundi, un haut responsable iranien avait indiqué que Téhéran espérait finaliser dans « les prochains jours » le transfert de ses fonds gelés en Corée du Sud.
Achats humanitaires
« Nous espérons que le transfert sera achevé dans les prochains jours et que l’Iran aura pleinement accès à ses actifs »,
A déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, lors d’une conférence de presse.
L’Iran pourrait utiliser ces six milliards de dollars pour des achats humanitaires tels que des denrées alimentaires et des médicaments.
M. Kanani a toutefois affirmé lundi que l’Iran pourrait acheter « tout bien non sanctionné » par les États-Unis, et « utiliser pleinement ces fonds débloqués », pas seulement pour acheter « des médicaments et de la nourriture ».
Pour Washington, cependant, « aucun argent ne va directement à l’Iran et aucun argent du contribuable n’est utilisé. Les fonds détenus en Corée du Sud sont des fonds iraniens ».
« Ces fonds seront transférés sur des comptes restreints au Qatar et les États-Unis auront un droit de regard sur la manière dont ils seront dépensés et quand»,
A ajouté le porte-parole.
Cet arrangement financier avait été annoncé le 10 août dans le cadre d’un accord entre Téhéran et Washington, avec la médiation du Qatar, pour libérer des prisonniers américains détenus en Iran et des Iraniens détenus aux États-Unis.
« Nous sommes optimistes sur le fait que l’échange de prisonniers aura lieu bientôt »,
A déclaré M. Kanani.
Dans le cadre de l’accord, Téhéran a placé cinq détenus américains d’origine iranienne en résidence surveillée avant leur probable transfert au Qatar pour être libérés. Pour les experts, cet accord, conclu après des négociations très discrètes, témoigne d’un apaisement des tensions entre l’Iran et les États-Unis, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis la Révolution islamique de 1979. Mais ils ne préjugent pas d’un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien. Des négociations menées par les Européens avaient échoué en 2022 à raviver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, moribond depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 sous la présidence de Donald Trump. L’accord intervient un an après le début du mouvement de contestation en Iran à la suite de la mort en détention de Mahsa Amini, et à l’approche de l’Assemblée générale de l’Onu à New York, à laquelle devrait participer le président iranien Ebrahim Raïssi.
Les adversaires républicains de M. Biden ont protesté, décrivant le président comme acceptant le paiement d’une « rançon » à un État considéré par Washington comme soutenant le terrorisme. Ce transfert « incite directement les adversaires de l’Amérique à procéder à de nouvelles prises d’otages », a estimé Mike McCaul, président républicain de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants.
« L’administration fait preuve d’une faiblesse qui ne fait que mettre davantage en danger les Américains et les peuples épris de liberté dans le monde entier », a-t-il fustigé. L’administration Biden a reconnu avoir fait des choix difficiles, soulignant que sa priorité était de libérer les Américains et que l’argent appartenait déjà à l’Iran. Parmi les cinq Américains qui doivent être libérés figure Siamak Namazi, un homme d’affaires arrêté en 2015 et accusé d’espionnage sur la base de ce que sa famille qualifie de preuves dérisoires, telles que des affiliations passées avec des groupes de réflexion américains.Les autres sont Morad Tahbaz, un défenseur de la faune et de la flore, Emad Sharqi, un investisseur en capital-risque, et deux autres personnes qui ont souhaité rester anonymes.