Par Sandra Embollo
La vigueur de l’Amérique, l’ardeur de son président octogénaire. Dégageant confiance et optimisme, ainsi qu’une énergie qui lui fait souvent défaut à l’oral, Joe Biden s’est livré, mardi 7 février, à l’un des exercices-phares de la politique américaine : le discours sur l’état de l’Union devant le Congrès. Le président a prononcé un long plaidoyer sur le redressement industriel en cours de l’Amérique, aux accents parfois protectionnistes, souvent empathique, mais aussi emprunt de défi à l’égard des républicains.
Joe Biden passait un test de vitalité. Il l’a plutôt réussi en revisitant ses formules classiques et ses références intimes, polies au fil de quatre décennies de vie publique. Avec un leitmotiv, répété une dizaine de fois : « Finissons le travail. » Une façon de dresser un pont entre ces deux années intenses à la Maison Blanche et l’avenir, qui pourrait passer par une nouvelle candidature présidentielle.
À quelques semaines du lancement attendu de sa campagne de réélection, le 46e président a profité de cette allocution suivie en direct à la télévision par des dizaines de millions d’Américains pour tenter de convaincre un électorat sceptique ou inquiet quant à l’efficacité de ses politiques économiques.
« Regardons les résultats », a-t-il dit après s’être félicité de la création de 12 millions d’emplois au cours des deux premières années de son mandat. « Un taux de chômage de 3,4 %, le plus bas depuis 50 ans. Un taux de chômage presque record pour les travailleurs noirs et hispaniques.
« Nous avons déjà créé 800 000 emplois bien rémunérés dans l’industrie, la croissance la plus rapide depuis 40 ans ».
a-t-il ajouté.
Pas d’annonce tonitruante, ni de réflexion sur l’état du monde, mais une longue énumération, parfois fastidieuse, de mesures déjà prises ou espérées, sur le plan intérieur. La priorité, pour Joe Biden, consistait à se focaliser sur la vie quotidienne de ses concitoyens. Il s’est posé en défenseur des Américains vulnérables – personnes âgées, malades, travailleurs non diplômés – et il a fustigé ceux qui les écrasent, dans des allusions classiques mais si peu suivies d’effets au Congrès. Big Oil, Big Pharma et Big Tech : les géants de l’énergie, du secteur pharmaceutique et du Web ont été mis en cause pour leur abus de position dominante, leurs profits démesurés qui déjouent les impôts ou leur non-respect de la vie privée. Joe Biden est parfois entré dans le détail en évoquant des charges illégitimes comme les frais imposés par les compagnies aériennes pour qu’une famille soit assise ensemble ou ceux dont on s’acquitte en cas de changement d’opérateur Internet.
Mais l’essentiel de son propos concernait le réarmement économique du pays. De nombreux voyants sont au vert. L’inflation demeure forte mais semble en voie d’être maîtrisée (6,5 % sur un an, fin décembre). Surtout, la Maison Blanche revendique douze millions d’emplois créés en deux ans, un chiffre spectaculaire. Le taux de chômage est tombé à 3,4 %, le plus bas depuis 1969. Il est difficile de mesurer la part de rebond naturel après le pic de la pandémie et l’effet direct de politiques fédérales. Les plans d’investissements adoptés au Congrès – notamment celui sur les infrastructures – ont à peine commencé à être déclinés sur le terrain, mais Joe Biden s’efforce d’en faire la pédagogie en multipliant les déplacements.