Par Arlette Akoumou Nga
Cela fait plus de trois ans qu’elle attend son heure. E. Jean Carroll, une ex-chroniqueuse du magazine Elle qui avait accusé, en 2019, Donald Trump de l’avoir violée il y a plus de 25 ans, pourra faire face à l’ex-président américain dans un procès en diffamation. Mardi, un juge fédéral de Manhattan, Lewis Kaplan, a fixé la date du début de l’audience au 6 février 2023. Parce qu’il s’agit d’une action au civil, il est toutefois possible qu’un règlement à l’amiable soit trouvé par les deux partis d’ici là.
En 2019, E. Jean Carroll avait affirmé avoir été agressée sexuellement par Donald Trump dans la cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais lors de l’hiver 1995-1996. Selon son récit, le magnat de l’immobilier lui avait demandé d’essayer de la lingerie qu’il souhaitait offrir. Il se serait « jeté » sur elle et l’aurait « brièvement pénétrée » avant qu’elle ne réussisse à le repousser. La journaliste n’avait pas porté plainte mais son témoignage a été corroboré par deux proches à qui elle s’était confiée à l’époque.
Robe et échantillon ADN
Les faits dénoncés étant prescrits, E. Jean Carroll a attaqué Donald Trump en diffamation. Devant les caméras, Donald Trump avait fermement nié, assurant qu’il ne connaissait pas la chroniqueuse et qu’elle n’était « pas [son] type ».
Le département de la justice de l’administration Trump avait réussi à retarder la procédure tant qu’il était président, mais elle a repris après son départ de la Maison Blanche. Cette année, le juge Kaplan a rejeté une contre-plainte en diffamation déposée Donald Trump, estimant qu’il ne cherchait qu’à jouer la montre.
Selon le calendrier annoncé par le juge, les deux partis ont jusqu’au 16 novembre pour organiser des dépositions et dévoiler leurs éléments de preuve à l’autre camp. D’ici là, le magistrat devra trancher un point crucial : E. Jean Carroll réclame un échantillon ADN de Donald Trump pour le comparer à des traces relevées sur sa robe de l’époque, qu’elle dit avoir conservée en l’état et depuis fait expertiser. En 1998, c’est une robe fournie par Monica Lewinsky aux enquêteurs qui avait contraint Bill Clinton à reconnaître qu’il avait eu une relation intime avec la jeune femme.