Par Julie Peh
Le leader républicain de la Chambre des représentants américaine, Kevin McCarthy, a annoncé mardi 12 septembre l’ouverture d’une enquête de destitution du président Joe Biden sur les affaires controversées de son fils à l’étranger. ‘’Je demande à un comité de la Chambre d’ouvrir une enquête formelle d’impeachment”, a déclaré le leader républicain du Congrès, estimant que le leader démocrate avait “menti” au peuple américain.
La Maison Blanche a immédiatement dénoncé cette enquête, lancée un peu plus d’un an avant l’élection présidentielle de 2024, accusant les républicains de recourir aux « pires manœuvres politiques extrêmes ».
Aucune chance de succès
La Constitution américaine prévoit que le Congrès peut destituer le président pour « trahison, corruption ou autres crimes et délits graves ». Les républicains à la Chambre des représentants, majoritaires depuis janvier, mènent une série d’enquêtes parlementaires sur les affaires du plus jeune fils de Joe Biden. Ces élus ont « identifié des allégations sérieuses et crédibles sur la conduite du président Biden », a assuré Kevin McCarthy, accusant le démocrate d’alimenter une « culture de corruption ».
“Le président Biden a menti au peuple américain sur ce qu’il savait des relations commerciales de sa famille à l’étranger”, a accusé le président de la Chambre des représentants. ‘’Les républicains de la Chambre des représentants ont enquêté sur le président pendant neuf mois et n’ont trouvé aucune preuve d’acte répréhensible”, a déclaré Ian Sams, porte-parole de la Maison Blanche sur le réseau social Twitter.
Or, pour l’instant cette enquête n’a quasiment aucune chance d’aboutir à la destitution de Joe Biden, son parti étant majoritaire au Sénat, chambre qui serait appelée à juger Joe Biden s’il était inculpé par les élus.
Hunter, fils à problèmes
Hunter Biden, ancien homme d’affaires de 53 ans, est devenu une cible privilégiée de la droite américaine. Les élus lui reprochent notamment d’avoir conclu des accords douteux en Ukraine et en Chine alors que Joe Biden était vice-président de Barack Obama (2009-2017), capitalisant sur les réseaux et le nom de son père. Le président de 80 ans a toujours soutenu publiquement son fils, passé toxicomane, qui a également des démêlés avec la justice, accusé de détention illégale d’arme à feu.
L’ouverture d’une procédure d’impeachment est réclamée depuis des mois par l’aile trumpiste du Parti républicain, avec laquelle le leader Kevin McCarthy a dû faire de nombreux compromis pour accéder au perchoir en janvier. Plusieurs élus modérés du Parti républicain s’opposent cependant à l’ouverture de cette enquête, de peur de transformer la procédure en un exercice purement partisan.
Cette enquête sera menée par James Comer, chef du comité d’enquête de la Chambre, et Jim Jordan, chef du comité judiciaire. Les deux hommes sont des alliés politiques de Kevin McCarthy, 58 ans.
Johnson, Clinton, Trump
Les démocrates répondent que ces efforts de droite ne sont que des paravents pour cacher les ennuis judiciaires qui s’accumulent pour Donald Trump. L’ancien président de 77 ans, qui pourrait à nouveau affronter Joe Biden en novembre 2024, a été inculpé quatre fois en moins de six mois. ‘’Il n’y a aucune preuve dans cette affaire, juste un ordre émis par Trump pour limoger” sa rivale politique, a dénoncé l’élue démocrate Debbie Wasserman Schultz.
Jamais un président n’a été destitué dans l’histoire américaine. Trois ont été destitués : Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump en 2019 et 2021. Mais tous ont finalement été acquittés. Richard Nixon a préféré démissionner en 1974 pour éviter une certaine impeachment par le Congrès en raison du scandale du Watergate.