Par Arlette Akoumou Nga
L’Ivg aurait eu lieu en juillet 2022, soit quelques jours après la décision de la Cour Suprême de mettre fin à Roe vs Wade, le droit à l’avortement au niveau fédéral. Les trois femmes sont passibles d’au moins cinq ans de prison et le plaignant veut obtenir un million de dollars de dommages et intérêts.
Toute la procédure repose sur des échanges de textos, pris en photos et récupérés par l’ancien mari. Dans la plainte, Marcus Silva accuse son ex-femme d’avoir conspiré avec deux amies pour obtenir deux médicaments, qui, combinés, provoquent un avortement.
Ces femmes auraient échangé des informations sur les moyens de se procurer ces médicaments. Et ce, de deux façons : par courrier, grâce à une organisation internationale Aid Access qui envoie ces médicaments par la poste, ou en personne à Houston, ce qu’elles ont finalement choisi. La troisième femme accusée aurait apporté les médicaments.
Olivia Juliana, 21 ans, fait partie de l’organisation Gen-Z for Change. L’été dernier, elle a levé 2 millions de dollars sur Twitter en faveur du droit à l’avortement.
« C’est cruel et dégoutant ! Je suis vraiment déçu que les tribunaux fédéraux n’aient pas mis en pièce cette législation détestable ».
estime-t-elle.
Mais pour les défenseures du droit des femmes, ce type de plainte était prévisible. Deja Foxx est influenceuse sur Instagram, et elle a fait partie du premier cercle de la campagne présidentielle de Kamala Harris, en tant que stratège politique.
« Ça fait peur. Ce mouvement de criminalisation, de surveillance, de dénonciation de ses voisins, de ses amis et de sa famille. Cette société, cette culture fait vraiment peur ».
estime-t-elle.
Pour l’instant, les trois femmes incriminées n’ont pas encore été inculpées. L’ex-compagne de Marcus Silva ne fait en revanche pas l’objet de poursuites. Mais au Texas, depuis 2021 aider quelqu’un à avorter est assimilé dans la loi à un meurtre, et fournir ces médications est considéré comme un crime.
Les pilules abortives sont au cœur de la bataille pour l’accès à l’Ivg aux États-Unis, où 54% des avortements pratiqués sont médicamenteux. Ces cachets sont vus comme essentiels pour les défenseurs de ce droit. Les femmes se trouvant dans la quinzaine d’États où l’avortement est illégal peuvent se rendre dans les États voisins pour obtenir les cachets, une procédure plus simple qu’une intervention chirurgicale. Pour les mêmes raisons, les opposants à l’avortement veulent à tout prix les interdire.
Le plaignant, Marcus Silva, est d’ailleurs représenté par un élu local républicain et par l’avocat conservateur Jonathan Mitchell, architecte de la récente loi texane très restrictive sur l’avortement.